Constamment, la FSAS-CGTG ne cesse d'interpeller les autorités politique, sanitaire et sociale sur les difficultés des Etablissements du social et du médicosocial
La réponse récurrente de ces autorités, à nos interpellations, reposent toujours sur la question financière tout comme pour le sanitaire. Des choix politiques ont été faites sur le postulat de décomposer le sanitaire en créant le médicosocial, sensé en être un prolongement, et en relativisant l'action sociale, véritable investissement social visant à assurer et améliorer le contrat social.
Fort de ses divers constats et analyses antérieurs, la FSAS-CGTG déclare que :
- Considérant l'échec patent des dernières politiques d'action sociale depuis la remise en cause du lien social au profit de l'individualisme et de la marchandisation totale.
- Considérant l'échec de la notion de mutualisation des moyens, en lieu et place de la nécessaire articulation entre établissements spécialisés, utilisée pour faire faire croire de la nécessité d'investir le moins possible sur des activités considérés comme non-rentables.
- Considérant la non-prise en compte des problématiques réelles, sociales et culturelles, de la Guadeloupe dans le cadre d'une véritable politique publique d'action sociale.
- Considérant l'émigration croissante et permanente d'une grande partie de la jeunesse, sollicitée par la mondialisation et l'absence d'avenir en Guadeloupe.
- Considérant la dislocation des liens familiaux et filiaux stimulée par la société individualiste et consumériste et conséquence d'un choix politique néolibéral.
- Considérant les problématiques lourdes comme la violence interpersonnelle - les addictions diverses et les échecs scolaires qui sont le fruit de choix politiques antérieurs (Destruction des constructions filiales, quasi légalisation des "marchés noirs", destruction des services publics de contrôle administratif et de sécurité publique, réformes incessantes et inconséquentes de l'école...).
- Considérant la désubstantialisation des métiers du social et du médicosocial depuis une vingtaine d'années, paradoxalement conséquence des lois de 2002 et 2005 sensées donner des réponses "modernes" aux problématiques sociales et médicosociales.
- Considérant la volonté des gouvernements successifs de s'attaquer aux salaires, via les conventions collectives et le code du travail, des intervenants sociaux et médicosociaux sous le prétexte fallacieux de leurs coûts dans une logique de nivellement néolibéral.
- Considérant le caractère inopérant et suicidaire des CPOM (contrats d'objectifs et de moyens) qui, comme la tarification à l'activité (T2A) dans le sanitaire, conduira inévitablement la disparition des petites structures à taille humaine.
- Considérant l'absurdité des méthodes dites "managériales" et de leurs effets sur les salariés du secteur social et médicosocial, allant à l'encontre même de l'accompagnement social qui exige que le professionnels soient équilibrés et empathiques.
- Considérant la baisse inquiétante de l'engagement et du militantisme social et associatif.
- Considérant la disparition progressive du lien social intergénérationnel.
- Considérant le sur-vieillissement en cours de la population, la mauvaise réponse du tout-Ehpad - d'un côté - et du délabrement organisé des services à la personne - d'un autre côté.
- Considérant la précarisation galopante et l'isolement des personnes âgées.
- Considérant le vieillissement difficile dans le contexte familial et de résidences souvent inadaptées.
- Considérant la nécessité de deux urgences gériatriques en Guadeloupe, au CHU et au CHBT.
- Considérant que les EHPAD qui ne répondent totalement pas à la réalité des personnes âgées et de leurs familles en Guadeloupe tant au niveau du coût que de la prise en charge en G.I.R. 1 et 2.
- Considérant le caractère opérant et référentiel du C.H.G.R., qui plus est dans ses nouveaux locaux de Palais Royal, dans le cadre de cette prise en charge spécialisée complémentaire et absolument nécessaire.
- Considérant la marchandisation progressive de la prise en charge des personnes âgées en lieu et place d'une solidarité de la société.
- Considérant l'inadéquation des réponses de la loi du 28 Décembre ("adaptation de la société au vieillissement") au regard des constats et de la prétention même de cette loi.
La F.S.A.S. - C.G.T.G., en conséquence, se positionne dans la réorientation des politiques publiques d'action sociales selon ce qui suit :
- Pour l'élaboration d'un vrai projet de société intégrant l'action sociale comme élément restructurant du lien social et solidaire.
- Pour l'abrogation des dispositions législatives en défaveur l'investissement social.
- Pour l'élaboration d'un schéma territorial de l'action sociale et médicosociale intégrant la dimension archipélagique de la Guadeloupe et l'articulation avec le sanitaire. Les actions sociales et médicosociales sont à redéployer sur tout le territoire en investissant à bon escient les espaces ruraux et les zones écartées du développement urbain.
- Pour la réhabilitation de l'humanisation de l'intervention sociale.
- Pour une politique éducative et émancipatrice des jeunes citoyens, meilleur garantie contre les comportements dits déviants.
- Contre la Directive Européenne dite TRAVEL, transposée dans le Droit Français le 20 Décembre 2017, exigeant des structures de vacances de jeunesse (CLSH, Scoutisme...) de souscrire au registre du commerce.
- Pour un financement pérenne et adéquat de l'action sociale et de l'autonomie. Un financement basé sur des objectifs sociaux et sanitaires et non sur des objectifs financiers.
- Pour une politique volontaire de désendettement des structures, singulièrement les petites. Ces structures sont de vraies pépinières d'actions innovantes, ce que le néolibéralisme qualifie de "start-up" dans le secteur marchand.
- Pour la réhabilitation du mouvement associatif et coopératif comme modèle d'activité socio-économique à part entière et non comme tremplin aux privatisations entrepreneuriales sous le couvert d' "économies sociales et solidaires".
- Pour la création d'un véritable secteur gérontologique et gériatrique autour du C.H.G.R. en coopération avec le nouveau C.H.U. et les autres établissements s'occupant des personnes âgées. Ce secteur devant couvrir toutes les filières adjacentes : SAP, SSIAD, HAD, Urgences, Court-séjour, SSR Gériatrique, Ehpad, Transports.
- Pour la prise en compte des bas-retraites et de l'innovation nécessaire en terme de réponses aux personnes âgées au travers, notamment, de coopératives résidentielles en lien avec les réseaux de services à la personne.
- Pour la reconnaissance et le respect des métiers des services à la personne par une juste qualification et un juste salaire. La revalorisation des salaires et l'amélioration des conditions de travail.
- Pour la stabilisation des métiers de l'intervention sociale évacuant la multiplication de diplômes se ressemblant (ou diluant les identités professionnelles) et encore moins le projet d'uniformiser un seul diplôme de l'intervention sociale.
Fait à Pointe-à-Pitre, le 11
Mai 2018