La FSAS-CGTG, après s'être prononcée sur la crise sanitaire conséquemment à l'incendie du 29 Novembre au CHU, déplore l'apparition de nouveaux risques sanitaires qui vont compliquer l'activité sanitaire si les mesures adéquates ne sont prises.
Les autorités politiques et sanitaires, aussi bien à l'échelle nationale qu'à l'échelle locale, se doivent de bien mesurer ces risques, de poser les bons diagnostics et d'y répondre par des moyens - financiers - matériels et humains - nécessaires.
Fort de ses divers constats et analyses antérieurs, la FSAS-CGTG déclare que :
- Considérant l'arrivée récurrente et périodique de bancs de sargasses dans la Caraïbe, depuis près d'une décennie. Phénomène qui semble être la conséquence directe d'activités polluantes dans l'Amazonie (exploitation outrancière - usage de produits toxiques...).
- Considérant la pollution par les sargasses qui produisent des gaz générant des réactions pathologiques.
- Considérant les risques sanitaires avérés avec l'arrivée massive de cette algue.
- Considérant la présence de chloredécone dans les terres et dans les eaux douces et de mer, depuis les années 70. Conséquence du pouvoir local du lobby économique et bananier qui a reçu dérogation pendant près de deux décennies.
- Considérant les risques sanitaires avérés de la consommation de l'eau, la faune et la flore en contact avec ce produit hautement toxique (Organochloré et polluant organique persistant).
- Considérant la présence récurrente de germes fécaux dans des circuits d'eaux potables et de baignades qui semble être la conséquence directe d'un "développement" incontrôlé notamment de la construction.
- Considérant la réapparition de la gale, vraisemblablement une des maladies déjà éradiquée mais qui revient en force à cause de l'abandon de la politique sanitaire préventive sous prétexte de coût et de la précarisation rampante de la population.
- Considérant la situation de crise que vit le système sanitaire après l'incendie du CHU de la Guadeloupe. Système fragilisé mais avec des professionnels qui continuent à donner du mieux d'eux-mêmes mais jusqu'à quand ?
- Considérant la situation critique et financière de l'institut pasteur, conséquence des réformes libérales qui cherchent à livrer la santé, y compris les laboratoires, au privé.
- Considérant les risques majeurs, de toutes sortes, qui guettent l'archipel avec la présence d'un système volcanique, d'une plaque tectonique mouvante et l'arrivée d'ouragans de plus en plus puissants (Conséquence directe de l'hyperactivité économique).
- Considérant la disparition progressive de la logique de service de santé publique au profit de sa marchandisation.
La F.S.A.S. - C.G.T.G., en conséquence, se positionne dans la réorientation des politiques de santé publique selon ce qui suit :
- Pour l'élaboration d'un vrai plan de lutte contre les sargasses et la mise en place des moyens nécessaires pour répondre aux conséquences sanitaires.
- Pour l'élaboration d'un vrai plan de lutte contre l'usage de produits toxiques et d'un plan de prévention sanitaire.
- Pour l'abrogation des dispositions législatives en défaveur l'investissement sanitaire et la réhabilitation de l'humanisation des professions de santé.
- Pour l'élaboration d'un schéma territorial de l'action sanitaire intégrant la dimension archipélagique de la Guadeloupe et l'articulation avec le social. Les actions sanitaires doivent être articulées avec les actions sociales et médicosociales et redéployées sur tout le territoire en investissant à bon escient les espaces ruraux et les zones écartées du développement urbain.
- Pour un financement pérenne et adéquat du sanitaire et de l'autonomie. Un financement basé sur des objectifs sociaux et sanitaires et non sur des objectifs financiers.
- Pour une politique volontaire de désendettement des structures publiques. Ces structures sont de vraies réponses aux problématiques récurrentes ou nouvelles et aux risques majeurs.
- Pour la reconstruction d'un nouveau CHU répondant aux problématiques et risques mais dans un cadre articulé avec les autres Centres Hospitaliers.
- Pour la reconnaissance et le développement des autres Centres Hospitaliers de Guadeloupe, singulièrement ceux de la Côte-sous-le-vent et de Marie-Galante. Ces structures publiques sont en capacité de répondre à l'articulation sanitaire mais aussi à tout repli sanitaire en cas de crise.
- Pour la stabilisation des métiers de l'intervention sanitaire évacuant les risques de glissement de tâche à seule fin financière.
Fait à Pointe-à-Pitre, le 1er Mai 2018