Nous avons "appris", la semaine dernière, la nomination de M. Gérard COTELLON à la Direction Générale du Centre Hospitalier Universitaire de la Guadeloupe (CHUG). Beaucoup, et singulièrement dans la sphère politique et médiatique voire même syndicale, semblent plus se soucier de sa Guadeloupéanité que de sa réelle capacité à redresser le navire "chugien".
Pour rappel, deux autres Directeurs Guadeloupéens ont déjà dirigé cet Hôpital, MM. François et Jolivières. Le premier a tenu le coup jusqu'au bout - mais non sans difficultés - et le second a été éjecté sans ménagement sous le coup d'un règlement de compte national-guadeloupéen. Un troisième, guadeloupéano-corse (ou inversement), n'a même pas tenu une année.
A dire vrai, et pour la FSAS-CGTG, cette nomination n'est ni une surprise ni un événement. Depuis l'incendie de Novembre 2017, tout comme l'ancien Préfet et l'ancien Directeur Général de l'ARS, il était prévu que le Directeur du CHU - en poste - "saute" au vu de la gestion catastrophique de cette crise. Les mauvaises langues prétendent qu'en tant que fidèle Macroniste, il aurait réussi a négocier son point de chute à La rochelle, la décision s'est faite attendre mais elle est tombée en début Juillet.
Il restait à régler la question de son remplacement et c'est le réseau macroniste local (et plus si affinité surprenante) qui a pesé sur la balance pour convaincre aussi bien Jupiter que le nominé lui-même, sachant que trois autres candidats étaient en lice dont deux autres Guadeloupéens. Ce que l'on prétend avoir joué en sa faveur est son "expérience" de DRH à l'APHP, excusez du peu ! Mais ne soyons pas dupes, Jupiter et son gouvernement sont en grande difficulté politique et semblent jouer, entre autres, la carte des "minorités qui réussissent" et autres groupes d'influence pour brouiller quelques pistes quitte à satisfaire des velléités chauvines... La Démocratie vue par le libéralisme.
Cependant, si la FSAS-CGTG se félicite de la réussite méritée de compatriotes Guadeloupéens, elle ne se laisse pas séduire par l'origine de qui que ce soit, fusse-t-il compétent, mais par la capacité réelle des femmes et des hommes à s'inscrire dans la prise en compte des véritables problématiques sanitaires de ce pays et de leurs résolutions dans l'intérêt général de la population. C'est au travers de ce binocle intellectuel que la FSAS-CGTG jugera, au pied du mur, le maçon.
Selon nos informations, et si la compétence de l'homme n'ait pas à être remise en cause, son passage à l'APHP n'a pas toujours été glorieux pour le droit des travailleurs... Directives Européennes assimilées par le parlement National obligent ! Monsieur demeure un haut fonctionnaire, comme tous les autres, qui doit servir avec zèle pour mériter les primes de bonne gestion.
La FSAS-CGTG a moult fois, rappelé sa position sur la mauvaise politique sanitaire en cours et le recul des services publics de santé. Des choix sont faits par des technocrates qui n'ont aucune prise réelle avec le terrain et les besoins mais qui sont dans une logique implacable de compression budgétaire éternelle n'ayant toujours pas démontré son efficience, bien au contraire, après trente années de matraquages néolibérales. Des sentences idéologiques sont prises depuis des décennies et la situation se précarise pour la grande majorité de la population, en Guadeloupe comme sur le plan national.
L'application, sans y enlever une virgule, de plans directeurs nationaux enfantés par des directives Européennes, sur un archipel qui doit faire face à des risques multiples, est un non-sens. Pourtant, la mission première de toute nouvelle Direction au CHUG est, malheureusement, d'appliquer stricto sensu les orientations déjà fixées en haut lieu, soit :
- Aider l'ARS à mener à bien la gestion de la dite "crise sanitaire" post-incendie en cours tel que le gouvernement l'a dessiné.
- Préparer l'ouverture du nouveau CHUG dans une perspective quasi-commerciale et non de service public.
- Accompagner la mise en place d'un GHT (Groupement Hospitalier de Territoire) unique qui sera le retour et le surdéveloppement d'un CHU-centrisme qui, pourtant, n'a pas fait ses preuves par le passé puisqu'inadapté pour l'archipel.
D'autant que, dans ses premières entrevues avec la presse, le nouveau Directeur s'exprime clairement avec des mots, de prime abord bénins pour les non-initiés, qui sont explicitement du libéralisme économique appliqué au sanitaire quant aux intentions : " Nouveau management ", "visibilité", "lisibilité", "parcours de soins"... Bref, la lettre de mission est on ne peut plus claire et la Guadeloupéanité de l'impétrant se retrouve n'être qu'un écran de fumée : " Quand le sage montre la lune, le peuple est instamment prié de regarder l' index du sage ".
Le sentiment identitaire ne doit pas anéantir notre acuité revendicative. Et il y a une kyrielle de cas de personnages de la Guadeloupe qui ont fait leur illustre parcours, quelquefois en voguant sur leur Guadeloupéanité, sans pour autant que l'ile en tire vraiment bénéfice. Cela doit nous ramener à plus de raisons et de mesures, en lieu et place de l'affect.
Par conséquent et comme toujours, la FSAS-CGTG sera aux côtés des travailleurs de la santé publique, en général, et des agents du CHUG, en particulier, pour dénoncer les coup-bas mais aussi apprécier les avancées si il y a lieu. La FSAS-CGTG n'est ni dans la co-construction ni dans la co-destruction mais dans la défense des intérêts moraux et matériels des agents hospitaliers ainsi que dans la défense de la santé de la population Guadeloupéenne, quelque soit la Direction du CHUG en place.
Libre à certains d'espérer un messie "du pays" pour délacer l'impasse organisée depuis des années ! Pour sa part, la FSAS-CGTG se limitera aux principes d'usage et de courtoisie en souhaitant, tout simplement, la bienvenue à Monsieur le nouveau Directeur général du CHU de la Guadeloupe.
Les mois à venir donneront très vite raison au tangible et - comme depuis trois décennies - nul ne marchera sur l'eau tant que le lac appartiendra à la logique financière. Quant au navire "chugien", comme tous les hôpitaux dépecés par la libéralisme économique, il cessera de tanguer quand le courage cessera de manquer pour remettre l'humain au centre d'un nouveau projet de société.
Pointe-à-Pitre, le 07 Septembre 2018
Le secrétariat général,