Depuis quelques années, l'idée de passer au vote électronique trotte dans la tête des décideurs politiques, c'est finalement un décret de Novembre dernier qui "l'autorise" désormais lors des élections professionnelles dans les trois fonctions publiques, prévues le 06 Décembre prochain.
Pour y aller à petits pas, ce décret prétends laisser la décision à chaque établissement tout en laissant la décision finale au Directeur d'établissement... voire à l'établissement qui organise les scrutins Départementaux (CAPD et CCP). En clair, les organisations syndicales sont écartées et de l'EPSM de Guadeloupe sortira le graal, c'est la première démonstration antidémocratique. Mais ce sera une lourde responsabilité pour l'EPSM qui commencera sa vie avec une faute sociale grave.
Le vote électronique a un coût !
Les Directeurs, seront surement jugés sur leur capacité à résister aux organisations syndicales et les jeunes loups avides de primes, si ce n'est proches du pouvoir Macronien, seront les premiers à opter pour. Mais un recours est en cours en Conseil d'Etat contre ce décret et la décision doit tomber sous peu et d'autres, dans divers tribunaux administratifs, font leur petit bout de chemin.
Car les arguments du contre sont nombreux et étayés tels :
- La sécurité de ce vote, en dépit de toutes les assurances des prestataires (car ce sont des prestataires privés qui en ont la charge technique), n'est aucunement assurée. Le dernier vote électronique dans l'enseignement a été un revers en terme de "bourrage d'urne" version électronique.
- Alors que l'on nous oppose la contention budgétaire quand nous demandons des moyens, on vas payer des prestataires pour la mise en marche technique (Pas moins de 10.000 € par établissement en moyenne, faites le compte rien que pour la Guadeloupe). Pour rappel, c'est le personnel qui participe à l'organisation du vote papier à "coût constant", comme ils aiment à dire.
- Le secret du vote est bafoué (voire passage à l'isoloir), un principe constitutionnel incontournable.
- La distribution du matériel électoral sera problématique par courriels professionnels ou personnels (Mauvaise écriture de l'adresse, ...).
- L'affichage, d'un seul trait, sur les écrans de téléphone portable des logos des O.S. n'est pas encore réglé si ce n'est en très petits caractères quasi illisibles.
- Le bordel organisé à deux mois du scrutin.
Les arguments des défenseurs de ce type de vote sont alléchants pour qui aime la rapidité, la facilité, la simplicité, la thésaurisation et tutti quanti... Bref ! Le Dieu pragma du libéralisme économique ! Mais l'enfer libéral est encore à l'œuvre et toujours pavé de bonnes intentions.
La Démocratie a un prix !
Pour la FSAS-CGTG, le vote démocratique papier est et demeure une conquête politique populaire quelque soit le contexte. Des femmes et des hommes sont morts pour ce droit et, encore aujourd'hui, en certains points de la planète la lutte continue.
Faire croire que rien ne change et qu'il faille entrer dans la modernité est un leurre antidémocratique que nos enfants nous reprocherons demain. Car le vote papier a de ça en lui qu'il est vivant et social. C'est une vie que de faire la démarche d'aller voter et de rencontrer d'autres citoyens, votants ou non, et de partager du lien en attendant les résultats.
Sortir de ce schéma collectif et s'installer dans le schéma individualiste derrière l'écran et chez soi est une reprise en main des forces antidémocratiques à notre insu. C'est déjà le cas avec toutes les NTIC qui permettent d'entrer dans nos intimités et même d'influencer nos comportements d'achats mais aussi politiques.
Nul Homme ne doit vendre sa liberté au nom de la modernité, cette dernière - tout comme l'argent - doit rester un moyen d'améliorer la société sans la défaire de ses valeurs sociales et c'est, malheureusement, vers le contraire que toutes "les réformes facilitatrices" et autres "nécessités de moderniser le mille-feuilles administratif" nous conduisent.
Le mésusage des NTIC, à seule fin commerciale, est grandement responsable des dérives comportementales, singulièrement de la jeunesse. Et lorsque la violence et l'anarchie s'installent, on a beau jeu de nous convier à des marches blanches qui n'aboutissent à rien sinon à convoquer les Dieux de la pacification pour que tout recommence le lendemain.
Nos contradicteurs auront beau jeu de nous traiter de rétrogrades (Jupiter a bien traité le peuple Français de "Gaulois réfractaires") mais ce ne serait ni la première ni la dernière fois. Quand des syndicalistes se sont érigés contre le Nazisme, ils étaient traités de rétrogrades et mêmes de terroristes. Do an nou sé fèy a madè et l'histoire nous donnera raison !
Quoiqu'il en soit, quelque soit le type de vote adopté par les établissements et même au cas où les recours seraient déboutés, la FSAS-CGTG sera présente au combat tout en dénonçant le caractère antidémocratique du vote électronique.