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Véyatif

Véyatif

Fédération Santé et Action Sociale (FSAS-CGTG). " Celui qui combat peut perdre, mais celui qui ne combat pas a déjà perdu ". Bertolt BRECHT


Où sont passés les millions ?

Publié par FSAS-CGTG sur 14 Août 2019, 19:23pm

Toujours dans la continuité de sa logique hermétique et spécieuse, l''A.R.S. se fend d'un dernier communiqué (cette fois-ci datée...du 14 Août 2019) où l'impatience semble lui fourmiller dans les pieds.

Le titre, très impératif,  ne peut manquer de faire rigoler (rire jaune) les agents du C.H.U.G. qui peinent à longueur de journées pour accomplir leurs tâches dans des conditions de médecine de guerre.

Beaucoup d'annonces et de la com mais le "solidement aidé par l’État" reste à prouver par du factuel. Quant à l'injonction de trouver "la voie de sortie positive et solidaire" (excusez du peu !)... Il n'y a aucun doute, soit le communicant de l'A.R.S. vit dans un bunker à 7000 km soit il vient d'arriver sorti directement de l'école de Chicago, celle qui reprit à son compte l'antienne d'un tristement célèbre personnage, ministre de la com en son temps : "Mentez, mentez, il en restera toujours quelque chose !". Épluchons plutôt les prétentions :

- Sur le déploiement de l'ESCRIM : C'est la moindre des choses que les impôts de la nation servent à secourir en tous points du pays, y compris "ultrapériphériques". Mais les "suites immédiates" auraient pu recevoir, après, un mini hôpital modulaire pour éviter la dispersion et les dépenses dont nul ne saura vraiment le montant final.

- Sur les 45 Millions attribués pour les besoins urgents post-incendie : Où est passé cette somme, en moins de deux ans, si nous devons encore récupérer 20 millions (ex prêt) et 40 autres (assurance) pour quasiment la même finalité ?

- Sur l'équipe pluridisciplinaire d'experts : cette fameuse "église d'expertologie" qui, depuis plus de trente années, nous assènent les bonnes conduites sociales pour nous soumettre aux politiques néolibérales mais qui ne voient jamais venir les crises financières (2007), sociales (Gilets jaunes) et autres (C.H.U. de Guadeloupe). Où sont leurs conclusions et qu'en est-il de leur mise en application, si tant est leurs préconisations seraient justes ?

- Sur le financement des travaux de nettoyage et de décontamination : L'ARS semble dire que seul l'incendie en est responsable. Ce nettoyage est d'actualité depuis des années, les procès-verbaux de CHSCT en témoignent, mais les autorités faisaient la sourde oreille pour des raisons budgétaires. L'incendie n'a fait qu'obliger ce nettoyage. D'ailleurs, les gaines aéroliques n’ont jamais été nettoyées dans les étages, condamnant le CHU à l’utilisation prolongée des installations provisoires que constituent les climatiseurs mobiles qui, de fait, mettent en péril le statut IGH du CHUG en matière de sécurité incendie.

- Sur le financement de la construction du Pôle Parent-Enfant : C'est un pôle avec un chef de service fantôme qui rêve d'un bâtiment flambant neuf avec une plaque à son nom. Même si l'intention de rassembler tous les services constituant ce pôle est louable, le calendrier de construction et d'intégration des locaux de l'ARS n'est aucunement respecté. Face à la mobilisation, le DG aurait signé l'attribution de marché. Voilà pourquoi les O.S. ont réclamé, dernièrement en négociation, le retour de ce service au CHUG et deux scenarii ont été évoqués à moindre coût. Par ailleurs, le projet de Palais-Royal, qui était modulaire en premier lieu, s'est transformé en dur (et c'est grâce à la grève que nous l'avons appris) balayant le projet initial de gérontologie si nécessaire pour l'avenir. In fine, nos camarades ont aussi proposé que cette construction, si elle doit avoir lieu, se fasse sur le site du C.H. de Capesterre qui n'en tirera que bénéfices mais nos camarades ne sont pas assez "expertologues" pour être entendus.

- Sur la prise en charge des loyers de délocalisations du CHUG : Un mois après l'incendie, il était question de 800.000€ mensuel pour les "Eaux-Claires" et 400.000€ mensuel pour la Polyclinique mais rien pour les Établissements publiques qui accueillaient à qui l'on demande d'appliquer une gestion stricte de structures privées. Depuis, les chiffres varient mais seuls les promoteurs des deux Cliniques privées se frottent les mains. Un prétend n'avoir rien reçu comme loyer mais nous en doutons, quant à l'autre c'était l'occasion rêvée pour pouvoir investir en vue de revendre mais tout cela avec une rocambolesque consultation du personnel (suite à un procès intenté par la FSAS-CGTG pour remettre sa déléguée syndicale dans son droit) et, bien-sûr, sans conséquences pécuniaires pour ce même personnel. Pour semer le trouble, on tente de monter les agents de la fonction publique et le personnel du privé l'un contre l'autre par des messages diffusés sur les réseaux électroniques. Quant à Palais-Royal, l'ARS s'était engagée à honorer (enfin !) la location des locaux par le CHUG mais à ce jour ce dernier doit plus de 3 millions d'euros et si cela va jusqu'au 31 Décembre 2020, ce ne sont pas moins de 6 millions d'euros de dettes du CHUG qui vont faire basculer le C.H. Gérontologique en déficit chronique alors que c'était l'un des établissements les mieux gérés de France malgré l'investissement lourd de Palais-Royal.

- Sur le suivi strict (excusez encore du peu) de la qualité de la prise en charge : il serait judicieux de remplacer, pendant juste une semaine, les agents du CHUG par l'équipe de l'ARS et ce, tournant sur tous les services... Scientifiquement, Il n'y a pas mieux qu'éprouver ses théories par la pratique.

- Sur l'aide en trésorerie mensuelle : c'est tout frais et c'est grâce à la mobilisation en cours que, contrainte, l'ARS a du s'engager. Sur ce point, la Direction du CHUG doit au moins faire amende honorable auprès des O.S.. 45M€ que nous percevrions pas tranche de  3M€ mensuel pour éviter les ruptures... Mais les ruptures sont encore légion.

- Sur l'attribution de 20 millions : cet ancien prêt devenu subvention, là encore la Direction du C.H.U.G. nous doit amende honorable mais, tout comme l'aide en trésorerie mensuelle, nous n'avons toujours pas vu les effets immédiats : le matériel manque, les urgences et le SMUR sont en grande difficulté.... et l'eau coule dans certains services (Voir photos jointes).

- Sur l'attribution, sans déduction des aides de trésorerie (excusez du trop), de l'indemnisation des assurances : Ainsi, voulait-on sanctionner le CHUG en lui sucrant des indemnités qui lui reviennent de droit. Encore une amende honorable pour la Direction du CHUG puisque le mouvement de grève a changé le plan, merci qui ?

- Sur le déblocage immédiat.... par la "task force" (Traduction française multiple : groupe de travail, détachement spécial, corps expéditionnaire, force opérationnelle) rien qu'au nom, nous serions bien en médecine de guerre. Mais le système mis en place indique la volonté d'infantiliser les responsables du CHUG ce qui contredit, in fine, la fameuse voie de sortie positive (recentralisation ?) et solidaire (substitution ?). En gros, vous êtes des incapables, on met des sous donc on décide... Il serait bon d'en faire autant avec les promoteurs privés.

Bref, la propagande ARSienne n'arrange en rien les difficultés immédiates et factuelles du CHUG, elle prouve simplement que les technocrates supportent mal l'action syndicale parce qu'elle dévoile les combines et éclaire les premiers concernés : les travailleurs de la santé et les patients. Et la population ne s'y trompe pas !

Nous en voulons pour preuves, la création du GHT unique sans création de l'instance de "dialogue social" (pourtant prévu et sans aucun pouvoir) mais aussi les nouveaux textes, sortis la semaine dernière, sur la réforme de la fonction publique et la loi "Ma santé 2002". Ces textes explosent la démocratie sociale et renforcent la monarchie hospitalière autour des ARS territoriaux. Ainsi, le Directeur de l'hôpital central (le CHUG pour la Guadeloupe) sera le bras droit de la Direction de l'ARS et les budgets des hôpitaux seront fongibles à souhaits au nom de la mutualisation. Les Directeurs des autres hôpitaux n'auront qu'un petit droit de "gouvernance" tout comme les ducs et les barons sous l'ancien régime. Exit la représentation du personnel.

Laisser à croire que le CHU de Guadeloupe serait le plus ingérable par la faute de la démocratie sociale est un leurre. La dette du CHU d'Amiens (la ville natale de Macron) est de 527 Millions, Nice (la ville Bourgeoise) est à 390 Millions, celui de la Martinique est à 252 Millions de dettes et un déficit dépassant les 100 Millions malgré la fusion forcée des Établissements et la mise sous administration provisoire. La dette du CHUG n'est que de...149 Millions.

La vérité est dans la déstructuration des établissements publics voulue par les politiques austéritaires de l'Union Européenne pour réorganiser les activités juteuses et les laisser aux promoteurs du privé. La marche forcée vers la marchandisation par la tarification à l'activité (T2A) qui conditionnent les entrées d'argent à l'enregistrement systématique de chaque acte médical a mis en péril tous les hôpitaux publics et c'était bien là le but recherché. Cette pratique est applicable dans le privé mais plus difficilement dans le service public qui n'a pas la même pratique de prise en charge puisque l'agent est au service de la population, les patients n'étant pas des clients.

La vérité est que le financement du service publique serait largement assurée si toutes les richesses produites ne partaient pas en cadeaux fiscaux pour les riches et les grandes entreprises.

La vérité est que tous les pays qui ont abandonné cette cécité idéologique pour revenir au bon sens d'une société humaine, réussissent à sortir leur peuple de la misère et de la précarité.

Mais aux yeux des missionnaires de la rigueur (seulement pour le peuple), les mêmes qui trouvent normal qu'un riche ait du carrelage en or dans sa piscine alors que des êtres humains meurent de faim à côté, nous serions des passéistes, nous n'aurions rien compris.

Mais c'était sans compter sur la résistance naturelle et humaine à l'injustice, promue notamment  par l'action syndicale partout en France et en Guadeloupe, cette empêcheuse de faire du fric en rond.

Quoiqu'il en soit, la CGTG sera toujours au combat, comme elle le fut par le passé, auprès des travailleurs de la santé pour exiger des moyens et des conditions de travail et la santé pour tous. Et elle a raison !

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