En dépit de l'appel à l'union et de la communication du chef de guerre, nous ne pouvons que souligner l'impréparation et l'amateurisme dont ont fait (et font encore) preuve les autorités politiques et sanitaires, c'est patent et irréfutable. Mais l'évolution des faits, si ils n'étaient pas dramatiques et graves, porteraient à sourire quand on voit ces mêmes irresponsables oser faire des leçons de moral aux citoyens et instaurer le couvre-feu total sur l'ile , comme pour réparer leurs erreurs prévisibles que nous n'avions eu de cesse de dénoncer avant la pandémie. Il leur fallait, donc, voir pour croire ! Faisons le tour de la situation sur le terrain et analysons :
- Secteur Hospitalier : Nous constatons un manque cruel de matériels de protection (Masques, gants, sur-blouses, sur-chaussures, gel) au point que c'est la solidarité citoyenne qui vient au secours de l'incurie publique. Les agents sont volontaires mais travaillent avec un stress permanent et sans armes ou mal armés. Quelques fois, c'est du matériel vétérinaire qui vient remplacer le matériel manquant. Les Directions et les cadres sont souvent tétanisés et incapables de décider en toute autonomie au point de mettre en danger leur personnel. C'est souvent la cacophonie ! La question récurrente des coupures d'eau vient compliquer l'hygiène et la prise en charge dans certains Hôpitaux comme Capesterre. L'hôpital qui risque le plus le débordement semble être Saint-Martin, de par la confusion qui a régné entre les méthodes Hollandaise et Française, le C.H.L.C.F. sera vite saturé alors même que les lits manquent et le personnel est restreint (Il semble que le peu de renfort venu de France n'a même pas été testé covid ni mis en quatorzaine). Bref, une gestion chaotique que tentent de rattraper les agents hospitaliers avec les moyens du bord.
Notre analyse : Cette pandémie renforce notre critique sur la création du G.H.T. qui fait la démonstration qu'il n'est qu'une coquille vide, d'autant que l'hôpital principal (le CHUG) reste incapable d'articuler la gestion de crise, heureusement que le C.H.B.T., est encore en capacité de combler, autant que faire se peut, ces insuffisances malgré ses propres manquements. Nous pouvons affirmer que, si les autorités avaient cédé aux revendications syndicales lors de la grève du CHUG de 2019, nous ne serions pas là. Aujourd'hui, les propositions que nous faisions en Août, et qui étaient refusées, sortent du chapeau des autorités sous le prétexte de l'urgence. Au nom du "management", une désorganisation des services avait été opérée et la crise met à nue les insuffisances de ces mesures stupides. Par ailleurs, la CGTG avait demandé la mise en place d'un Hôpital modulaire après l'incendie du CHUG, cette structure serait la bienvenue aujourd'hui pour aider à faire face au Covid-19. Nous avons toujours dénoncé la sous-exploitation des hôpitaux de la côte-sous-le-vent et de Marie-Galante, qui pourraient constituer un maillage sanitaire solide en cas de crises, et nous en aurons d'autres.
- Secteur Cliniques privées : La stratégie de la proximité avec le CHUG, mise en place par l'ARS après l'incendie, ne semble fonctionner que si le nouveau propriétaire de la Clinique de Baie-Mahault veuille bien entendre raison. Et c'est un combat permanent et interne que mènent les représentants du personnel, pour veiller à la protection des salariés mais, aussi, afin d'éviter un usage intempestif des dernières ordonnances COVID, très favorables au patronat.
Notre analyse : La politique néolibérale, depuis les années 1990, a fait des ravages en privatisant des activités sanitaires dits "rentables", mais en cas de crises c'est le public qui sert de bouclier sanitaire en premier lieu. Par ailleurs, alors qu'on oblige les agents hospitaliers même suspectés d'être positifs au covid à travailler, les Cliniques privées semblent vouloir profiter des avantages des dernières ordonnances pour dégraisser au mieux par tous les moyens (mise en congé, RTT, chômage partiel...) tout en communiquant sur leur "capacité" à venir au secours du service public... Mais cela ne reste que de la com.
- Secteur des personnes âgées : Si les EHPAD (publics et privés) ont pris tôt des mesures, au regard de l'expérience Chinoise qui nous a appris que les personnes âgées étaient à grand risque, il n'en demeure pas moins qu'ils sont tributaire du manque de matériel général. Cette donnée nous fait craindre le pire, en dépit de la communication de l'ARS et du Conseil Départemental.
Au niveau des services à la personne, hormis quelques associations qui ont fait le choix du strict minimum d'intervention, nous avons assisté à des décisions de Directeurs - vraisemblablement sous la pression du Conseil Départemental - d'envoyer quasiment à la boucherie les intervenants. Mal-protégés (1 masque pour plusieurs interventions), voire sans protections, ces intervenants doivent faire face au refus (par peur) des bénéficiaires si ce n'est à leurs exigences qui ne relèvent pas de la mission première. Les intervenants vont à domicile avec la peur au ventre.
Notre analyse : Notre crainte est la conséquence morbide de l'impréparation. Cette crise doit être l'occasion de revoir la prise en charge des personnes âgées, à domicile comme en institution, tant en terme de méthode qu'en terme de personnel. Le secteur gériatrique et gérontologique doit s'émanciper au niveau du C.H. de Palais-Royal. 21 EHPAD, dont la majeure partie est en difficulté mais pourtant très chers pour nos ainés, cela semble être trop pour une si petite île. Par contre, à l'instar de la prise en charge à domicile, le développement de solutions coopératives et familiales pourraient mieux répondre en cas de crise. Cette prise en charge à domicile doit être mieux considérée et respectée, les intervenants doivent avoir moyens et salaires.
- Secteur Social et Médico-social : Hormis les foyers d'adolescents, quasiment toutes les structures du social ont fait le choix de la fermeture et du télétravail. A la Maison Départementale de l'Enfance et dans les foyers, la problématique est quasiment la même que pour les agents hospitaliers avec un élément supplémentaire et aggravant, la difficulté à contenir les enfants et adolescents dans le confinement. Les professionnels sont, donc, obligés de faire du gardiennage contraint tout en étant mal-protégés. Le danger est double, pour les bénéficiaires et les professionnels, la violence contenue et la mauvaise protection.
Dans les M.A.S. (Maison d'Accueil Spécialisées), l'impréparation est aussi criante que dans les hôpitaux. Beaucoup de Directions ont fait montre de leur incapacité à prendre les bonnes décisions, tant leur rigidité et leur soumission aux directives sont pesantes mais risquées pour tous. Des salariés ont dû prendre l'initiative de se protéger, comme ils pouvaient, constatant l'inertie de leur Direction. Certains ont proposé leur confinement sur place, pour éviter le vas et viens et le risque de rapporter le virus, ce qui a été refusé... Les premiers cas de personnels positifs ont apparus et le risque de propagation est d'actualité pour beaucoup.
Notre analyse : La pandémie démontre que ce secteur, tout comme l'hospitalier, doit rester un secteur d'intervention publique, directement ou via le mouvement associatif. Les rigueurs budgétaires et la gestion du personnel à flux tendu ne peuvent s'appliquer comme dans une entreprise commerciale, au risque de faire exploser le lien social déjà fragilisé par des années d'erreurs néolibérales.
Pendant ce temps, les pouvoirs publics, par ordonnances, réduisent les droits des travailleurs et prévoient des facilités pour les entreprises. Des travailleurs prennent le risque d'affronter le virus, d'autres de le transmettre parce que non-testés. Il y a 114 déclarés positifs et 6 morts en Guadeloupe, sans compter les non-répertoriés... Et cet amateurisme des décideurs aura, c'est une certitude, un prix terrible !
MAIS TOUS CES RESPONSABLES DEVRONT REPONDRE DE LEURS MAUVAISES DECISIONS !