Après une gestion calamiteuse de la pandémie Covid-19, avec un nombre de victimes effarant, faute de moyens sanitaires, le Gouvernement s'est lancé dans un nouveau semblant de débat public nommé "Ségur de santé", depuis le 25 Mai 2020. La Guadeloupe étant à 7500 km, ce n'est que la semaine dernière que les "partenaires sociaux" étaient conviés à y contribuer par visioconférence ou renvoi de contributions au plus-tard le 15 Juin. Tout cela, dans un cadre muré par quatre "piliers" indépassables :
- "Transformer les métiers et revaloriser ceux qui soignent",
- "Définir une nouvelle politique d'investissement et de financement au service de soins",
- "Simplifier radicalement les organisations et le quotidien des équipes",
- et enfin "Fédérer les acteurs de la santé dans les territoires au services des usagers".
Nul besoin d'être énarque pour constater que ce gouvernement, qualifié de "pieds nickelés" par le professeur Raoult, demeure fermement dans sa logique mensongère, suicidaire et libérale malgré l'expérience tragique du coronavirus. "Il faut que tout change pour que rien ne change", disait un auteur aristocrate, et cela correspond parfaitement à la situation. Tout comme le "Grand Débat National", faisant suite au mouvement des gilets jaunes, et aux Etats-Généraux de l'Outre-mer après les mouvements sociaux de 2009, l'objectif est de faire croire qu'on est à l'écoute pour mieux appliquer ce qu'on a déjà décidé. Mais il n'y a aucune volonté d'écouter, encore moins d'entendre, les propositions de ceux qui sont sur le terrain.
- Il y a belle lurette que l'on fait en sorte de "transformer les métiers" (en réalité, on les explose), sous le fallacieux prétexte de la modernité, à seule fin d'avoir des travailleurs polyvalents et corvéables à merci.
- Depuis les années 2000, au travers des attaques frontales qualifiés de "réformes", on veut et on impose "une nouvelle politique d'investissement et de financement".
- "Simplifier radicalement les organisations" doit être compris comme l'éclatement des spécialisations et des qualifications.
- Quant à "Fédérer les acteurs de la santé dans les territoires", c'est le noyau même du projet néolibéral qui veut réorganiser le sanitaire et le médicosocial en offrant la part rentable aux acteurs privés (payés par la sécurité sociale) et laisser le moins rentable (mais le plus lourd) au Public.
Il ne sera jamais question de "revaloriser ceux qui soignent" ni de financer correctement les "services de soins", à plus fortes raisons du "Quotidien des équipes" et des "usagers". Nous faisons face à un déni de la réalité et à une tentative d'entourloupe pour justifier la continuité de cette politique inadmissible.
La sémantique de l'idéologie néolibérale est précise. Ainsi, pour gérer la pandémie, l'injonction était dans la "distanciation sociale", les "clusters" et les "gestes barrières"... "Mesures sanitaires", "Foyers épidémiques" et "Précautions" auraient suffi mais il fallait des barbarismes anglo-saxons pour inculquer l'idée du monde d'après dans la logique de la stratégie du choc néolibérale. Car se distancier c'est le summum de l'individualisme, mettre des barrières c'est se méfier de l'autre et "cluster" c'est nous rabaisser à une grappe - puisque nous végétons - bref un vrai projet antisocial.
Avant, pendant et après le confinement, ce gouvernement et ses substituts locaux ont fait, et font toujours, montre d'un extrémisme digne des plus durs d'Al Qu'Aïda. La pandémie a levé le voile sur toutes les spéciosités de cette politique folle et inhumaine, et pourtant ils n'en tirent aucune conclusion politique digne de ce nom. Un aveuglement idéologique qui vas nous conduire droit dans le mur.
La FSAS-CGTG a toujours dénoncé cette orientation et avait parfaitement vu venir cette gestion calamiteuse. Notre organisation syndicale, très tôt, s'est positionnée pour une organisation sanitaire territoriale qui tiennent compte de tous les besoins et de tous les risques possibles. La FSAS-CGTG avait diagnostiqué les erreurs faites par les autorités sanitaires lors des choix faits après l'incendie du C.H.U.G.. La FSAS-CGTG a participé au mouvement social unitaire du C.H.U.G. de Juillet-Août 2019 où la démonstration a été faite que nous étions en quasi-médecine de guerre mais aucune réponse n'y a été donné. La seule et unique réponse politique est d'ordre pseudo-comptable, il n'y a pas d'argent pour la santé de la population mais il y a des milliards pour des entreprises qui licencient. Conclusion évidente, l'impréparation totale face à la Covid et une quinzaine de morts soigneusement comptabilisés selon des critères ARSiens, mais combien de victimes réellement ?
Même 15 morts, ce qui correspond à plus de 2000 morts en France, c'est déjà trop. Nous ne devons notre salut qu'à la discipline de la population, en dépit des tentatives médiatisées de l'accuser d'indiscipline. L'inhumanité est la doxa des autorités car dans les 15 morts il leur fallait préciser que c'étaient des sujets à comorbidité. Après nous avoir empoisonné au Chlordécone et à la surconsommation de mauvaise qualité, nous voilà coupables d'avoir le diabète, un cancer et toute autre maladie sans qui le virus n'aurait fait aucun dégât. Au sortir du confinement, et pour cacher leurs erreurs, les autorités et responsables politiques continuent leurs inepties en mettant en lumière les morts sur la route comme pour nous reléguer à une perpétuelle délinquance, mais qui a détruit le service de transport au profit du lobby des concessionnaires et des travaux publics ? Tout vas très bien Madame la Comtesse...de Ségur ! Mais, à la FSAS-CGTG, nous voyons venir la piqure du scorpion...
La FSAS-CGTG dénonce cette farouche volonté politique de continuer avec des recettes qui ont démontré leurs limites.
La FSAS-CGTG refuse de s'associer à cette nouvelle mascarade destinée à tromper la population au profit d'intérêts privés.
La FSAS-CGTG exige un vrai plan d'organisation sanitaire et médicosociale fondé sur l'humain d'abord et tenant compte du caractère archipélagique de la Guadeloupe avec ses risques.