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Véyatif

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Fédération Santé et Action Sociale (FSAS-CGTG). " Celui qui combat peut perdre, mais celui qui ne combat pas a déjà perdu ". Bertolt BRECHT


Les enjeux du dernier congrès de la Fédération Syndicale Mondiale (F.S.M. - W.F.T.U.)

Publié par BELAIR Philippe sur 4 Novembre 2016, 22:28pm

Du mercredi 05 au samedi 08 Octobre, s'est déroulé le 17ème Congrès de la Fédération Syndicale Mondiale à Durban, en Afrique du Sud. Il faut rappeler que cette fédération a été, pendant longtemps, la plus importante sur le plan international jusqu'aux années qui ont suivi la dite "chute du mur de Berlin" ou la Confédération Syndicale Internationale (C.S.I.), réformiste affichée et financée par les tenants du libéralisme, a bénéficié de la propagande anti-lutte de classe. Mais depuis quelques années, réalité de la lutte oblige ("Les faits sont têtus " disait Lénine !), beaucoup reviennent au bercail et de nouvelles organisations ont rejoint la F.S.M. qui compte, désormais, 92 Millions de militants sur 126 Pays.

            La F.S.M. c'est, donc, une augmentation de 14 millions de ses membres, soit 18 %, la création de sept nouveaux bureaux régionaux. L'ambition de la F.S.M. est de former de nouveaux cadres qui n'usent pas du "moi" mais du "nous". Chaque syndicat de base doit lutter sur le plan local sans jamais oublier l'international

            C'est précisément ce seuil des presque 100 Millions de membres (ses objectifs affichés d'atteindre les 100 Millions dès le prochain Congrès, d'ici 2020) qui doit être mis en adéquation avec le lieu choisi, un pays membre des BRICS. Un pays organisateur, au travers d'une organisation syndicale le COSATU, qui fêtait ses trente ans de combat alors que la FSM fêtait ses 71 ans. Ce 17 ème congrès était l'occasion de faire le bilan de plus de 40 années de barbarie capitaliste et de préparer la riposte en formant de jeunes cadres offensifs sous la triptyque : Lutte - Internationalisme - Unité.

            La présence physique du Président Jacob ZUMA, de sa ministre du travail et du secrétaire général du Parti Communiste (SACP) sont des signes de la volonté de créer un monde au moins bipolaire, à défaut de multipolaire, en s'assurant d'une base de lutte internationale face à la volonté monopolistique du libéralisme économique mené par les Etats-Unis.

            Les propos de ZUMA ont été claires : " L'unité des travailleurs est la clef pour réussir par des actions mondiales concertées dans l'intérêt de ces derniers", celui de sa ministre du travail aussi : "Les organisations syndicales sont la pupille de la classe ouvrière, ne laissez personne la crever !".

            Le secrétaire général du S.A.C.P. (Parti Communiste Sud-Africain), par ailleurs Ministre de l'enseignement supérieur de l'alliance A.N.C. au pouvoir, Blade NZIMANDE, faisait part, aux congressistes, des salutations révolutionnaires du S.A.C.P.. Il poursuivit sur le fait que, comme tous les autres pays du monde, l'Afrique du sud était aussi frappé par la crise capitaliste mais que la matrice de la lutte était encore là malgré le fait que l'impérialisme ne supporte pas que des mouvements de libération soient au pouvoir... Le ton était donné !

            Les interventions des délégations ont cerné nombre de problématiques contemporaines qui font l'actualité et déterminent la nécessité de la lutte de classe, n'en déplaise à la médiocrité intellectuelle courante qui se cache derrière la prétendue "résistance aux changement" [1] pour cacher sa complicité et son apathie systémique.

            Le secrétaire général sortant (élu au dernier congrès d'Athènes), Georges MAVRIKOS, a été réélu sur la base d'un bilan évident : le retour de la FSM sur le plan International malgré les entourloupes des réformistes dans les institutions internationales du travail (B.I.T., O.I.T.). Le secrétaire général de la F.S.M. de conclure son discours comme suit :" Ils arriveront toujours à corrompre nombre d'entre nous mais jamais nous tous. Nous ne sommes pas des nostalgiques, nous sommes des combattants permanents pour le progrès social et humain !  Nous vaincrons ! ". Mais à côté de sa réélection, un événement de taille : le nouveau Président de la F.S.M. est Mzwandila Méchiel Makwaïba du Cosatu. Un congrès sur une terre du sud, l'Afrique, qui clos ses travaux en élisant un digne fils de cette terre à la Direction de son Conseil présidentiel, là aussi c'est un signe que quelque chose se passe là où on ne l'attendais pas.

            Il faut, en effet, lier cet événement à la posture d'autres pays du BRICS, la Russie sur le plan militaire et la Chine sur le plan économique. Au moment même où la Chine est en passe de supplanter les Etats-Unis sur les places économiques et financières, la Russie est en train de faire une démonstration de stratégie militaire en stoppant les ambitions destructrices et expansionnistes des Etats-Unis et de ses satellites, au moyen orient. Au sein de la FSM, la majorité des membres vient d'Amérique latine et d'Inde (Membre du BRICS).

            Il faut associer les "révélations", de cette semaine, concernant le Président ZUMA aux accusations contre DILMA au Brésil, MADURO au Venezuela et KIRCHNER (qui n'est pourtant plus présidente) en Argentine. Toute cette déstabilisation médiatique  n'est autre que qu'un enfumage pour cacher l'échec total du projet néolibéral et l'émergence d'un autre pole, voire même d'un autre paradigme économique et social que le néolibéralisme qui s'est présenté au monde, il y a 40 ans, comme l'issue de l'histoire humaine. Rappelons la tenue, dernièrement, d'un sommet des BRICS qui a fait grincer les dents des yankees puisque l'offensive contre le dollar a été acté.

            Il semble bien que le monde soit en train de changer sous nos pieds, malgré le silence assourdissant des médias occidentaux qui s'accrochent à un discours désormais obsolète en traitant la contestation de passéiste. Que sera demain au vu de cette nouvelle configuration qui s'annonce, y compris sur le plan syndical ? Est-ce une alliance de circonstance entre, certes des intérêts pas forcément convergeants, ou l'ouverture d'un véritable front anti-impérialiste qui fait feu de tous bois ? Ce qui est sûr, c'est que les choses bougent et nous avons intérêt à nous accrocher à cette réalité et quitter la téléréalité néolibérale.

 

[1] Concept d'ingénierie sociale de l'école comportementaliste de Chicago, repris par les théoriciens du néolibéralisme en première application au Chili de PINOCHET contre les militants progressistes.

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