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Véyatif

Véyatif

Fédération Santé et Action Sociale (FSAS-CGTG). " Celui qui combat peut perdre, mais celui qui ne combat pas a déjà perdu ". Bertolt BRECHT


Elections Départementales et Régionales : Lettre Ouverte Fédérale aux candidats.

Publié par FSAS-CGTG sur 21 Mai 2021, 20:55pm

Basse-Terre, le 21 Mai 2021

Lettre Ouverte

A

Mesdames et Messieurs les candidat(e)s

Aux élections Départementales et Régionales

De la Guadeloupe

Objet : La situation préoccupante du social, du médicosocial et du sanitaire de la Guadeloupe.

                Mesdames, Messieurs les candidat(e)s,

            Notre organisation syndicale, la FSAS-CGTG, vient à vous autres candidat(e)s aux élections Départementales et Régionales de l’an deux-mil vingt et un, espérant votre intérêt pour les problèmes fondamentaux de la société guadeloupéenne, singulièrement ceux qui conditionnent la bonne marche de cette société : le social, le médicosocial et le sanitaire. Nous disons bien « Qui conditionnent » car ce sont les socles même du contrat social, l’acception « social » étant à prendre dans toute sa noblesse humaine.

Aucune société digne de ce nom ne saurait se prévaloir de ce titre si sa dimension sociale et la santé de ses membres sont constamment érodés par des considérations puériles et irrationnelles comme par exemple la notion de « croissance » laissant à croire que tout peut croitre indéfiniment, peu en importe le coût humain. La pandémie de SARS-COV 2, sur laquelle nous reviendrons plus loin, enfonce le clou si l’on observe avec attention sa gestion chaotique et le martellement néo-sémantique antisocial qui participe aux injonctions officielles : « Distanciation sociale », « gestes barrières » et nous en passons.

Bien-sûr, la Guadeloupe n’est pas seule au monde et la pandémie, comme son nom l’indique, concerne la quasi-totalité de la planète, tout comme la crise économique qui vas suivre et dont nul ne semble s’en inquiéter. Mais tous les discours des années 1980 - 1990 pour déconstruire l’idéologie sociale et la remplacer par l’idéologie entrepreneuriale d’une part, puis déconsidérer la planification au profit de l’« agir local en pensant global » d’autre part, semblent bien acculés devant ce qu’un grand théoricien du social exprimait par l’antienne « Les faits sont têtus ! », et cela en Guadeloupe ou ailleurs.

Nos parents, dans leur grande sagesse créole héritée de notre turbulente histoire, avaient deux formules laconiques pour rappeler la finitude des choses - Tout kôd ni dé bout - et pour avertir d’un danger imminent – Pita pi tris. En ces temps mémoriels, nous ferions mieux de nous inspirer d’eux pour laisser un avenir plus glorieux à nos enfants et petits-enfants. L’île de la Dominique, à peine à deux-cent kilomètre de nous, viens de nous donner une leçon politique et historique de ce qu’est « choisir », peu en importe le coût financier, dans sa gestion de la COVID mais pas seulement.

Ce préalable, nécessaire, introduit le nannan de notre propos et de son cadre à votre endroit, chacun respectivement. Un pasteur anglo-saxon disait à juste titre que « La différence entre l’homme politique et le politicien est que le premier pense à la future génération, et le second pense à la future élection », nous osons vous considérer comme des hommes et des femmes politiques et cela est encore plus vrai pour les candidats aspirant à la relève.

En ce sens, nous nous permettons de vous exposer une photographie réelle et diamétralement opposée aux diagnostics et autres expertises technocratiques, voire aux sondages et autres « nudges » qui déterminent trop souvent les décisions politiques depuis trois décennies. Nous n’avons pas la prétention de détenir la science infuse mais d’avoir, à minima, la science du terrain social et sanitaire en dépit de l’agitation médiatique de nombreux prétendus experts qui n’ont même pas le courage de reconnaitre leurs erreurs récurrentes.

Il nous parait utile de vous présenter les faits, non pas en vous égrenant des chiffres et des ratios, mais en vous avertissant sur les conséquences très graves des orientations prises en terme de non-investissement social et sanitaire. Les chiffres sont l’objet de mésusages en fonction de ce que leurs utilisateurs veulent. Nous parlons bien de social et non de « sociétal », car le premier n’existe que de par les interactions des individus en son sein alors que le second, que de par lui-même. Le célèbre poète disait « Ouvrez des écoles et vous fermerez les prisons », cette formule à elle seule dit tout. Les choix qui sont faits ont des conséquences que l’on assume ou que l’on se doit de rectifier, parce que erratiques si ce n’est dangereux.

Le social

L’action sociale est définie comme telle : « Ensemble des moyens par lesquels une société agit sur elle-même pour préserver sa cohésion par des dispositifs incluant et/ou protégeant les plus vulnérables de ses membres ».

            Ainsi, depuis trois décennies, il y a une attaque frontale sur les conquis du monde social au profit du monde entrepreneurial, au prétexte que c’est l’entreprise qui serait le cœur même de la société. Sauf que cette assertion nous a conduit à l’impasse et seule une petite partie évolue, la grande majorité involue et se retrouve en grande difficulté. Lorsqu’il y a régression sociale, c’est la société entière qui en pâtit, même le nouveau président Américain est obligé de le reconnaitre, certes de manière biaisée.

            Depuis trente ans, on s’attaque au mouvement associatif et au courant éducatif qui ont fait leurs preuves au sortir de la dernière guerre. Derrière la notion élégante d’ « économie sociale et solidaire » se cache un cheval de Troie pour faire de l’action sociale un segment de marché par définition. On impose désormais à des structures et à des professionnels, fonctionnant à taille humaine, une marche forcée vers une « gestion vertueuse » comme si l’argent était le seul curseur, ce n’est pas l’argent qui fait l’Homme mais l’inverse.

Ces professionnels, à force de réformes institutionnelles et qualificatives, sont devenus des vigiles tétanisés en lieu et place de la dynamique et de l’initiative qui les caractérisaient pour placer les bénéficiaires dans le projet et la volonté de s’émanciper de leurs maux. La société n’ayant elle-même plus de projet social, seul le « moi je » est désormais déifié, les laissées pour compte sont de plus en plus nombreux et constituent un réservoir pour toutes les dérives possibles faute de perspectives.

Ces professionnels avaient une mission d’amortisseurs qui leur a été enlevé par l’idéologie néolibérale. Qui n’a jamais entendu ou utilisé la phrase « Je ne fais pas de social » ? Une ineptie qui nous coute très cher au regard de la situation qui mérite un bilan profond pour repartir sur d’autres bases. On aime à évaluer ces professionnels mais c’est le système lui-même qui mérite une évaluation qui, à coup sûr, aura droit à une conclusion catastrophique.

Quant aux structures,  elles sont les proies d’une centralisation déguisée au travers de la mise en place des C.P.O.M. (Contrat Pluriannuel d’Objectifs et de Moyens), qui sont en train de remplacer la gestion budgétaire classique, et des appels d’offres qui ont remplacé l’initiative associative qui devait répondre à la délégation de service public. Ce que nous appelons « centralisation déguisée » n’est autre qu’une O.P.A. des grosses associations nationales qui sont en train de récupérer, méticuleusement, les associations locales en proie à des difficultés financières conséquentes aux nouveaux dispositifs fonctionnels.

Cette logique centralisatrice est le pur produit de la pensée du moindre coût (rien à voir avec le jacobinisme), l’usage des nouvelles technologies doit permettre la mise à l’écart de l’humain soit par son remplacement, soit par le télétravail tant vanté mais qui n’est qu’un leurre. En centralisant et en technologisant, on fait d’une pierre deux coups : Mettre la main sur les projets locaux en se débarrassant de compétences locales. Par ailleurs, il faut que l’on nous explique comment la transition numérique pourra créer des emplois sachant que même le secteur informatique est déjà congestionné.

Concomitamment, la Maison Départementale – pilier de l‘aide sociale à l’enfance, est sujette à une recomposition qui fera d’elle une tour de Pise de l’accompagnement de cette enfance et de cette jeunesse déjà victimes d’une société sans perspectives. Plutôt que de renforcer les équipes et l’infrastructure, on reconstruit –certes et c’est bien – mais pour en faire une vitrine cachant l’arrière-boutique que sont les difficultés prégnantes des professionnels qui n’ont eu de cesse de tirer la sonnette d’alarme.

Ainsi, le Conseil Départemental qui en a la charge et en dépit de ses déclarations médiatiques pour magnifier son action sociale, a tout simplement l’intention de s’orienter vers une baisse de l’effectif d’encadrement et d’accompagnement des enfants pour résorber un déficit structurel. Nous y sommes opposés car ces suppressions de postes, inspirées par les indications de la DRESS,  induira inéluctablement à une très mauvaise qualité de prise en charge des enfants accueillis. Cet outil de prise en charge en amont est l’expression même de ce qu’est la politique publique en termes d’investissement social, c’est-à-dire la prévention du délitement de la société. En tant qu’établissement public, la M.D.E. et son financeur doivent se donner les moyens pour parer aux catastrophes sociales.

Le Médicosocial

Le médicosocial est l’expression d’une volonté qu’ont eu dans les années 1970 des professionnels de la santé, notamment de la psychiatrie, d’humaniser et d’extérioriser la prise en charge de personnes vulnérables de par leurs problématiques de santé physique et mentale.

            Les Instituts Médico-Educatifs (I.M.E.) font l’objet d’une restructuration au motif de l’inclusion sociale. Les professionnels seront priés de se rendre dans des écoles dites normales pour accompagner les enfants, l’idée est séduisante mais à l’épreuve sera vite non-concluante en faveur des enfants. Le milieu protégé permet une efficience de l’accompagnement qui sera impossible en milieu ordinaire. A l’origine, il était question de motiver et de développer les compétences des personnes concernées pour leur permettre de vivre le plus normalement possible.

            Les Maisons d’Accueil Spécialisées (M.A.S.) sont sous le joug de pressions budgétaires telles qu’elles fonctionnent comme des usines sanitaires discount. A l’origine, il était question d’accueillir des personnes nécessitant une quasi-médicalisation permanente en les sortant du cursus sanitaire long.

            Les Établissement de Services et d’Aide par le Travail (E.S.A.T.) sont devenus des mini-entreprises qui doivent être rentables sans prendre en compte les limites posées par la pathologie ou la problématique des travailleurs handicapés. A l’origine, il était question d’inclure socialement ces personnes en utilisant le monde du travail.

Toutes les autres structures d’accueil du secteur médicosocial subissent une mutation forcée au nom d’un nouveau paradigme qui n’est pas si nouveau que cela : la restriction des moyens. Nous pensons qu’il faille cesser de créer des arlésiennes pour faire passer des politiques qui n’ont que cette finalité restrictive et, dans les faits, notre société recule socialement. Nous revenons en arrière et les défenseurs du néolibéralisme nous présentent cela comme la marche indubitable vers le progrès progrès.

Pour ce qui est de la prise en charge des personnes âgées, cet El dorado des années 1980, nous en sommes à une politique chaotique qui n’a de sens que pour ceux qui se persuadent d’avoir bien fait. Le secteur des personnes âgées que nous scindons en trois (Services et soins à domicile – Institutions gérontologiques – Gériatrie) devait donner naissance à un prétendu secteur gériatrique et gérontologique qui devait répondre à une situation critique du vieillissement croissant de la population. Nous en sommes encore à du grand « tchokaj » pour des questions souvent absurdes reposant soit sur des raisons de conflit de personnes, soit pour des raisons de marquage de territoire politique, plus précisément "électorale".

Le Centre Hospitalier de Palais-Royal a été construit dans cette perspective, les bâtiments sont même H.Q.E. afin d’offrir une qualité de vie aux pensionnaires tout en faisant des économies d’énergies. Sauf que les autorités sanitaires ont jugé bon d’y flanquer un bâtiment en béton (Pôle Parents-Enfants) dans le jardin d’activités aérées et en plein dans le couloir de ventilation, couloir qui faisait l’appoint de l’H.Q.E. Le projet premier, somme toute noble, était d'y installer une structure modulaire en attendant l’intégration de ce Pôle du CHUG au sein du nouvel Hôpital de Perrin à venir, ce qui aurait permis au C.H. de Palais Royal de recouvrer son espace. Mais les vieux n’intéressent visiblement pas nos technocrates qui pensent surement ne pas vieillir un jour, ou tout du moins ont-ils prévu un palace pour leurs vieux os ? Il n’empêche que cette erreur se paiera dans l’’avenir si une autre stratégie n’est pas mise en place pour rectifier.

Le service à la personne qui aurait pu être un appui, voire même une colonne vertébrale, du relai gérontologique en termes de prise en charge et d’accompagnement à domicile, est géré par des associations dont  beaucoup sont de complaisance, gérée couci-couça, souvent dirigée par des cercles familiales et payant leurs salariés à coup de «banza». Le droit des salariés est souvent bafoué, avec la grâce de certains technocrates du Conseil Départemental qui ne se cachent pas pour conseiller des méthodes hors Doit du travail et convention collective, pour faire des économies sur le dos des malheureuses travailleuses qui s’échinent tant.  Ce secteur peut être plus dynamique dans un cadre plus articulé, contrôlé et respectueux du travail effectué, à condition de le placer dans le cadre d’une véritable organisation autour de la personne âgée et non comme une aubaine économique voire électoraliste.

La gérontologie (Établissements d’Hébergement pour Personnes Âgées et Dépendante - EHPAD), tout comme en France hexagonale, a fait l’objet d’investissements privés conséquents mais aussi public. En somme, plus de vingt (20) établissements avec les « normes » Européennes inadaptées rendant le coût de fonctionnement élevé et le prix à payer inabordable. Comment n’a-t-on jamais pensé à imaginer des structures plus humaines et plus solidaires ? Pourquoi n’a-t-on jamais pensé à consulter nos ainés et les professionnels pour contribuer à cette réflexion ? Nous payons fort l’ineptie technocratique qui applique bêtement d’autres directives technocratiques Européennes qui elles-mêmes ne sont que le fruit d’une marchandisation de la personne âgée. Si beaucoup d’investisseurs font leur beurre en Europe, en Guadeloupe beaucoup sont en train de changer leur fusil d’épaule pour cause de…non-rentabilité. Dans les années 1990, on a formé beaucoup de professionnels sur le postulat que ce serait une niche à emploi et aujourd’hui on leur demande d’être conciliants aux lois du « marché », il y a tout de même des limites à la conciliation.

La gériatrie, qui à proprement parlé est devenu une véritable discipline médicale, devait renforcer les prises en charge extra-hospitalières en étant une ressource médicale pour tout le territoire et depuis le C.H.U.G., mais il nous tarde toujours de voir son expression sur le terrain.

Le Sanitaire

            Jusqu’aux années 1990, l’action sanitaire et l’action sociale étaient les sœurs jumelles d’une politique publique offensive et préventive. Les réformes libérales successives et la création des A.R.S., à l’américaine, ont donné une tournure « industrielle » au sanitaire tout en détournant l’action sociale de sa fonction première.

            Le sanitaire est subdivisé généralement en deux, le public (les hôpitaux) et le privé (les cliniques), mais nous y ajoutons les laboratoires de Biologie Médicales qui, de par les réformes de 2015, sont devenus des structures qui jouent désormais un rôle bien plus prégnant qu’avant.

            Au niveau de la santé privée, il semble bien que toutes les dernières réformes, depuis le début des années 2000, soient à l’avantage de grosses structures et peut-être même de gros groupes Européens via des montages à la poupée russe. Sur les neuf (9) cliniques restantes, deux ont décidé de ne pas appliquer la convention collective Départementale – plus avantageuse sur le plan salariale que la convention nationale – et deux autres pensent sérieusement à en faire de même.

En dépit d’une situation très favorable des structures privées, nous ne pouvons que déplorer l’argument strictement financier qui est rétorqué face au pouvoir d’achat stagnant et aux conditions de travail se détériorant des travailleurs de la santé privée. Nous constatons que celles qui ont le plus bénéficié des mesures post-incendie du CHUG et des mesures COVID, sont celles qui se plaignent le plus.

Nous sommes, donc, dans une logique qui s’éloigne des objectifs sanitaires. Il y a une petite note positive dans ce tableau, c’est celle de certains promoteurs locaux qui gardent une certaine fibre du pays Guadeloupe pour résister mais jusqu’à quand ? Que faire face à la gourmandise de gros groupes Européens ? Que faire face aux réseaux politiques des groupes Européens ?

Au niveau des Laboratoires de Biologie Médicale, l’île est desservie par deux regroupements et une représentation de l’Institut Pasteur. Les épidémies et maux divers ont montré l’importance de ce secteur à condition qu’il n’en profite pour devenir concurrent acharné du service public hospitalier et ne se développe au détriment des travailleurs de laboratoires, les nouvelles technologies sont si surprenantes. Il est à parier que de grands groupes financiers mettrons la main sur les deux groupes laborantins locaux d'ici peu, telles est devenue la logique des actes de laboratoires : Une marchandise comme une autre !

Le public, qui était le fleuron du système d’après-guerre, est relégué au rôle de roue de secours sanitaire en cas de catastrophes. Beaucoup de communications sont faites pour embellir le paysage hospitalier, à l’image des entreprises privées, mais cela ne cache en rien les difficultés, voire la souffrance, des professionnels sur le terrain. Ce ne sont ni la garantie du statut de fonctionnaire (déjà bien écornée), ni le récent plan Ségur qui donnent de l’espoir.

Nous constatons que tout est fait pour nous faire basculer définitivement dans un monde où la patientèle doit laisser sa place à la clientèle, le public est sommé de suivre le pas du privé en se réorganisant en Pôles, les cadres de santé deviennent « managers », le retour en force du contrat de Droit privé est désormais acté, le budget est devenu EPRD (État Prévisionnel des Dépenses et des Recettes) imposant un cordon ombilical avec l’ARS, on impose des spécialités lourdes au public et laisse les spécialités rentables au privé, et cerise sur le gâteau : les hôpitaux sont contraints à la Tarification à l’Activité (T2A) source même de déficits récurrents. Beaucoup de professionnels, dépités, s’en vont, croyant à la mine d’or du privé, et cette érosion de compétence aggrave la situation de ces hôpitaux.

Pour couronner le tout, des tentatives incessantes de fusion d’hôpitaux sont en marche, la première expérience entre le Centre Hospitalier du Camp Jacob et l’Hôpital de Saint-Hyacinthe n’a pourtant rien donné de probant sinon un C.H.B.T. dans le même piteux état que tous les autres. Qu’à cela ne tienne, il n’y a qu’un dogme, qu’une doxa de réelle pour la technocratie : La mutualisation. Un nouveau caprice sorti certainement de la tête d’un de ces groupuscules antidémocratiques que sont les « think tank ». Notre organisation syndicale a toujours défendu l’idée d’une conception sanitaire adaptée à notre réalité insulaire, archipélagique et multirisques (Cyclonique, volcanique, sismique…), voilà pourquoi il nous est impensable de vouloir appliquer des systèmes inappropriés.

Toutes les réformes sont ordonnées par l’Union Européenne pour une réalité continentale et libérale. Au nom de notre « Européanité », mais surtout sur la croyance de la peur de la perte de l’aide financière, nous sommes incapables de concevoir un système de santé publique à notre image et pour notre réalité. Les huit (8) hôpitaux existants peuvent être le fondement d’une véritable réorganisation sanitaire, d’autant que deux se situent sur la partie la plus solide géologiquement (Pointe-Noire et Bouillante) et sont le seuls à pouvoir servir de repli sanitaire en cas catastrophe grave dans la région centre. L’hôpital de Marie-Galante doit, aussi, pouvoir jouer un rôle de grande importance aussi mais on a préféré le rattacher au C.H.U.G. au point que nul ne nait plus à Marie-Galante.

L’Union Européenne a instillé la création d’usines à gaz sanitaire et cela a donné les Groupements Hospitaliers de Territoires (G.H.T.), derrière la magnificence du mot « Groupement » se cache une véritable centralisation hospitalière autour du C.H.U.G. rendant subalternes les autres hôpitaux et, très certainement un jour, il s’agira de leur disparition au nom du modernisme et de la technologie que l’on veut faire remplacer les compétences humaines, parce que plus rentable. Le problème est que l’intelligence artificielle ne saurait remplacer la « machine » humaine mais seulement l’assister contrairement  aux dangereux fantasmes transhumanistes.

Toutes les dernières lois votées prétendument en faveur des agents hospitaliers, P.P.C.R. et Ségur, demeurent non-financées jusqu'à ce jour. Une situation qui met en plus grande difficulté les Établissements Publics de Santé. Il convient de comprendre que l'on assassine l'action sanitaire publique et il n'est pas besoin d'être "scientifique" pour comprendre la tangente.

Nous conclurons sur la gestion de la COVID qui, tout comme en France Hexagonale, est la marque d’une politique inconséquente qui n’assume pas ses erreurs mais préfère les renvoyer sur le compte du comportement des individus. Trois décennies de destruction d’un système hospitalier efficient, cela se ressent de nos jours par l’incapacité de faire face à l’amplitude de la crise sanitaire. Les organisations syndicales et l’incendie du C.H.U.G. avaient déjà sonné le tocsin sans grand succès, le roman de la réforme était plus fort. Il faut espérer qu’un ouragan de forte puissance ne soit pas adoubé d’une grosse secousse tellurique en pleine épidémie.

La seule et unique solution serait la mise à disposition d’un produit qualifié de vaccin mais dont nul ne connait les conséquences à moyen et long terme. Notre organisation n’est pas dans le champ des anti-vaccins, ce qui serait un comble pour une organisation de soignant, mais s’indigne de voir des milliards partir sur des choix hasardeux alors qu’il suffisait de millions pour faire mieux et plus tôt en attendant la mise en place d’un vrai vaccin.

Nous constatons que cette épidémie est gérée à coup d’actes administratifs comme au moyen-âge pour « protéger » l’eau de la peste, nous en connaissons les conséquences durant les siècles qui ont suivis. Voilà qu'on nous impose un système de contrôle des libertés publiques, voté de manière rocambolesque, sous le prétexte de la COVID. Ce qui incline à penser que ce virus est une belle opportunité pour tous les coups tordus politiques.

Pour ce qui est de l'argument de la confiance en la « communauté scientifique », il ne tient aucunement, puisque cette communauté n’existe pas en tant que telle – les femmes et les hommes de science ayant un besoin consubstantiel de la controverse et le propre de la science est de s’assurer de la véracité de ses hypothèses, tel n’est pas le cas. Quant à la théorie du « Partenariat Public Privé », elle est comme celle du ruissellement, au profit d’un petit nombre sélectionné par la prétendue « Main invisible » néolibérale et c’est, bien-entendu, le public qui perd sur toute la ligne.

Nous rappelons que notre système de sécurité sociale (et non de protection sociale) est financé essentiellement par le salaire différé des travailleurs puisque la grande majorité du patronat jouit de moult dérogations ou ne paye carrément pas sa cote part, et c’est encore nos impôts qui comblent les déficits. La sécurité sociale a amorti la crise financière de 2008 et est en train d’en faire de même pour la COVID, alors qu' elle fait régulièrement l’objet d’attaques stupides.

Par ailleurs, il est remarquable que nous soyons incapables d’agir avec des pays voisins. Nous sommes dans le bassin Caribéen et nous avons beaucoup à apprendre chez nos voisins qui ont fait mieux avec moins, simplement parce qu’ils ont été pragmatiques et disciplinés. Si notre population dans sa grande majorité a été et reste disciplinée, contrairement aux tentatives d’accusation du contraire, les autorités n’ont pas été pragmatiques et les responsables politiques ont brillé par leur tétanie. Rien que pour la question vaccinale, nous avons à apprendre de Cuba.

Enfin, l’urgence COVID n’est quasiment plus mais c’est l’urgence post-COVID qui verra l’E.P.S.M. (Établissement Public de Santé Mentale) prendre le relai du C.H.U.G. avec l’arrivée de personnes, de tous âges et de toutes conditions, après plus d’un an d’injonctions contradictoires, de perte de travail, de désocialisation, de développements de comportements compulsifs et/ou addictifs, de violences diverses et variées amplifiées par l'anxiété… Mais là, la notion de taux d’incidence - si prisée pour effrayer les âmes sensibles face à la COVID - ne sera jamais convoquée comme par enchantement.

Pita pi tris  mais Tout kôd ni dé bout…!

Cette situation plus qu’inquiétante ne saurait durer car tôt ou tard, si ce n’est pas une volonté politique, c’est la colère d’une société chaotique qui s’imposera à force de suffoquer, et nous verrons les « gardiens du temple de la République » sortir de leurs trous – comme des crabes après un jet d'alcali - alors qu’ils n’ont jamais eu le courage de défendre la chose publique (Rès Publica), au moment opportun, contre les attaques sauvages de la chose privée.

C’est une véritable recentralisation masquée par une puissante déconcentration, appuyée par une technologie excentrée à la Guadeloupe, qui dirige réellement notre destinée. La Guadeloupe a donc un besoin urgent de revoir son fonctionnement politique et institutionnel pour redéfinir, entre autres, les contours de sa politique sociale, médicosociale et sanitaire. On ne peut prétendre développer un port et un aéroport sans s'assurer de l'efficience de ses trois secteurs clefs sur une île - archipel balayée par les risques naturels, des pathologies qui sont le fait des erreurs du passé, des problématiques qui sont la conséquence du choix de société, une jeunesse déconsidérée et des ainés qui ne demandent qu'à vieillir paisiblement.

            On contraint les budgets mais l’actualité et les faits nous démontrent que la gabegie ne vient pas des travailleurs et autres petites gens mais bien de ceux qui nous font des leçons de morale financière. Pourtant, point n’est besoin d’être marxiste ou keynésien pour comprendre qu’une économie saine passe par un pouvoir d’achat fort des travailleuses et travailleurs… immenses majorités des consommateurs et véritables moteurs de l’économie. Il est temps, par conséquent, de faire un vrai bilan de la prétention de l’économie par l’endettement effréné.

Nous aimerions vous dire que vous héritez d’un long fleuve tranquille mais tel n’est pas le cas et, pour celles et ceux qui étaient déjà élu(e)s, le bilan n’est pas du tout reluisant au point que l’on peut parler de cadeau empoisonné que vous laissez ou que vous tentez de récupérer mais à quel escient ?

Fort heureusement, rien n’est irréversible, il est toujours possible de rectifier le tir à condition d’en avoir le courage et la volonté politiques et en pensant aux générations prochaines. Comme le disait si bien le penseur du social cité plus haut : là où il y a de la volonté, il y a un chemin ... Et c'est certainement ce qu'attend la grande majorité des Guadeloupéens.

Demeurant à votre disposition,

            Nous vous assurons, Mesdames, Messieurs, de nos salutations respectueuses.

           

Pour la FSAS-CGTG,

                                                                                       Le secrétaire général,

BELAIR Philippe

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