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Véyatif

Véyatif

Fédération Santé et Action Sociale (FSAS-CGTG). " Celui qui combat peut perdre, mais celui qui ne combat pas a déjà perdu ". Bertolt BRECHT


Qu'advienne un autre monde !

Publié par FSAS-CGTG sur 22 Mars 2020, 18:27pm

Plus nos responsables politiques ouvrent la bouche, plus il devient évident qu'ils ont failli en tout et pour tout dans le dossier du "Coronavirus". Qu'ils soient nationaux ou locaux, la brochette de responsables politiques aux commandes font la démonstration, bien malgré leurs équipes de communication, de la faillite du système qui leur tient à cœur depuis quatre décennie. Ce système a un prénom, le néolibéralisme, et un nom, le capitalisme. Un système politico-économique né sur les richesses de l'esclavage de millions d'Africains, développé sur la sueur de millions de prolétaires de toute la planète. Après l'esclavagisme et le libéralisme, le néolibéralisme n'est qu'une expression de la même bête hideuse qui se prétend raisonnable et seule à pouvoir gouverner le monde.

            Les idéologues du néolibéralisme défendent l'idée qu'une main invisible doit avoir les commandes de l'économie, tout comme leurs ancêtres aristocrates prétendaient qu'il fallait que le bon peuple se soumette à eux par volonté divine, Dieu étant aussi invisible. Cette aristocratie avait ses ecclésiastiques qui étaient chargés de faire tourner en boucle la chanson, aujourd'hui ce sont les chiens de garde qui ont la charge de cette même chanson, quoiqu'il en coûte même en vie humaine. Le sérénissime Président de la République, après avoir voulu donner l'exemple de sa sérénité en allant au théâtre, a viré de bord en s'affichant en posture de général va-t-en-guerre face à un ennemi invisible, décidément cet invisible est leur ritournelle.

            Après avoir mondialisé les productions, y compris de matériels médicaux et de médicaments, au nom du coût. Après avoir privatisé les entreprises stratégiques (Eau, Electricité, transport, recherches fondamentale, laboratoires...). Après avoir détruit le service public qui coagulait la société au sortir de la dernière grande guerre, au nom de la compétitivité. Après avoir Décentralisé à veau l'eau le pouvoir politique tout en centralisant les finances à... Bruxelles. Après nous avoir vendu l'Union Européenne comme étant la quintessence de la civilisation politique et sociale. Après avoir hisser l'individualisme en doxa indépassable. Après avoir, délibérément, autorisé l'usage du chloredécone en Guadeloupe, ce durant trois décennies et au nom de l'économie. Après détruit le système hospitalier qui répondait tant mieux que mal à la réalité géographique insulaire de la Guadeloupe. Après avoir pris des décisions invraisemblables après l'incendie du C.H.U.G.. Après avoir donné des consignes contradictoires, sur le covid-19, depuis le mois de janvier...

            Voilà que les autorités politiques et sanitaires, toute honte bue, jettent l'opprobre sur les citoyens leur reprochant leur irresponsabilité pour cacher l'inanité politique qui nous dirige. Notre organisation syndicale n'a eu de cesse d'interpeller ces autorités sur la situation difficile des professionnels sur le terrain, en terme de manque de moyens, pour les prises en charge. Nous avons tiré la sonnette d'alarme sur les risques que prennent ces autorités en cas de catastrophe, rien n'y faisait ! Seule comptait et compte encore la logique comptable. Même le principe de précaution ne leur ai pas venu en tête, et pourtant nous avions insisté sur le fait de ne pas "mettre nos œufs dans le même panier"... Les associations gestionnaires du secteur "aides à la personne", du social et du médicosocial, tout comme la fonction publique hospitalière sont priées de fonctionner selon les "normes modernes" de la "bonne gouvernance" d'entreprise. Un vieux mot sorti tout droit du vieux français royaliste, du temps où le roi donnait droit aux ducs - comtes et barons sur sa "propriété", laissant à penser que désormais le peuple n'a plus à mettre le nez dans les affaires de l'Etat, "l'Etat c'est moi" disait un monarque célèbre.

            Ainsi, la rigueur budgétaire serait la solution finale, le graal même, pour que les comptes publics soit sains. A force de pressuriser les moyens qui ouvraient toutes les portes sociales et sanitaires de tous les citoyens, de plus en plus d'entre eux sont condamnés à ne pas se soigner et à larguer les amarres sociales et nous voilà démunis. Pendant ce temps, des Directeurs d'associations et autres chefs de services territoriaux font pression sur les malheureuses aides à domicile, déjà mal payées, pour aller au front face au coronavirus pendant qu'ils sont confinés au chaud. D'autres, qui prétendent être les seuls à créer des emplois, de par leurs investissements privés, attendent sur l'Etat pour leur fournir du matériel médical pour faire face au Covid-19 dans leurs cliniques. Quant à ceux qui ont tant revendiqué le siège de Directeur pour un ressortissant Guadeloupéen, en ayant des alliances incestueuses - s'il le fallait - dans les années 1980 à 2000, ils se plient au néolibéralisme sans complexe... L'essentiel, aujourd'hui, est d'arriver à son objectif personnel. Tous ces gens ont un seul point en commun, la cupidité humaine, carburant du néolibéralisme.

            Cette idéologie n'a que faire de l'humanité, de l'humanisme, du collectif, de l'intérêt général, des générations à venir, de la chose publique - cette Res publica dont certains prétendent même se revendiquer encore. Cette idéologie est irrespectueuse de la vie humaine et ce n'est pas un hasard si elle a pris racine au Chili, sous la dictature de Pinochet, grâce aux "experts" de l'école de Chicago, ville connue pour son histoire mafieuse. ... James Clarke disait que " La différence entre un politicien et un Homme d'Etat est que le premier pense à la prochaine élection et le second pense à la prochaine génération " et il avait tout résumé déjà à son époque. Les politiques, sous le prétexte de ne plus faire d'idéologie, ont embrassé une idéologie qui s'est fait passé pour un idéal indépassable... Pitoyable destin pour des individus, pourtant doués intellectuellement, qui auraient pu faire le choix qu'ont fait des Hommes comme Jean MOULIN ou Rosan GIRARD. Ces Hommes qui avaient et défendaient leurs idéaux jusqu'à l'emprisonnement si ce n'est la mort. Ces Hommes qui, quoiqu'ils leur en a couté, sont arrivé à leur fin politique : la défense du plus faible et l'avènement d'une société plus juste.

            Il aurait suffi à tout ce beau monde d'entendre les revendications syndicales pour ne pas être dans la mouise, aujourd'hui. Sur le plan national, les agents hospitaliers ont mené des mois de grève dernièrement, les salariés des EHPAD ont fait de même. Quant à nous, en Guadeloupe, deux mois d'une dure grève avec le soutien total de la population n'a pas réussi à faire entendre raison à nos technocrates omniscients, cachés derrière la communication et rien que la communication. Que demandait tout ce beau monde ? Des moyens pour un service optimal à la population, moyens humains - matériel - médicaux - financiers.... pour parer aux problématiques sanitaires de plus en plus complexes et aux risques multiples et avérés. Dire que si nos démiurges avaient répondu à un tiers des revendications, nous serions en meilleure posture face à l'ennemi invisible. Les organisations syndicales, dans la crise sociale des gilets jaunes, ont été appelé au secours en tant que qu'"intermédiaires" et lorsqu'ils ont pris le relai de la revendication c'était la répression qui primait. Des millions ont été dépensés en LBD pour meurtrir la chair de ceux qui revendiquaient et, aujourd'hui, on découvre qu'il n'y a pas de stock de masques médicaux.... La polémique prétend que c'est encore un coup de la cour des comptes, virus néolibéral au sein de l’État.

            Nous nous sommes battus pour que le C.H.B.T. soit un pôle hospitalier de plein exercice pour la zone ouest de l'ile, singulièrement quant l'ARS voulait rabaisser le niveau de la maternité. La vie nous a donné raison quant on voit à quel point cet hôpital sert d'appoint aujourd'hui, surtout depuis l'incendie du C.H.U.G.. Mais l'unité de Drépanocytose vient d'être réduit à sa plus simple expression alors que nous sommes dans un pays où cette maladie fait rage, sans compter le risque des porteurs face au Covid-19. Nous nous sommes battus pour que le C.H.U.G. accélère ses investissements pour améliorer le quotidien des professionnels et, par là même, offrir de meilleurs soins aux patients, sans succès. Nous nous sommes battus pour la construction d'un vrai secteur gériatrique et gérontologique au vu de l'évolution de la pyramide des âges et des complications attenantes, pour constater l'inclusion d'un service du C.H.U.G. évitant l'investissement au sein même du C.H.U.G.. Nous apprenons, maintenant, qu'une dizaine de lits de Palais-Royal seraient réservés à des patients "covidés"... en somme, on emmène l'ennemi invisible en visite chez des sujets fragiles, où est la logique si ce n'est de l'irresponsabilité ?

            Bref, du grand bricolage qui démontre l'impréparation totale en dépit de la "com" qui prétend que la Guadeloupe serait fin prête pour faire face au COVID-19. La réorganisation sanitaire, opérée depuis deux décennies, a affaibli la santé publique en segmentant et livrant des secteurs juteux au privé. L'opération "public - privé" à laquelle nous avons assisté, en 2018, entre le C.H.U.G. et les Eaux-Claires ont été - sous le parrainage de l'ARS et du Ministère de la santé - en est la preuve par neuf. Cette Clinique en a profité pour changer de propriétaire en se mettant sous la coupe d'un grand groupe Européen venu faire du profit, avec des loyers alléchants payés par les fonds publics comme garanti. Parallèlement, on a sauvé la tête d'une autre Clinique plus Guadeloupéenne, pour calmer les contestations locales. Dire que nous avions fait la proposition d'un Hôpital provisoire en modulaire qui aurait pu servir, aujourd'hui, pour gérer la crise du Covid-19. C''était "juste pas possible" comme aime à dire l'ARS, mais cette dernière doit regretter d'avoir penché pour ces solutions éparses et incongrues qu'elle a choisi.

            Et si les fonds prévus pour la construction du nouveau C.H.U. de Perrin, passaient dans les urgences du COVID ? Pas si fou que çà si on suit bien la logique néolibérale qui est capable de mettre en sommeil, ou même tuer, un projet pour capter du financement à d'autres fins imprévues.... Palais-Royal en l'archétype de cette théorie. Aujourd'hui, et comme un grain de sable, l'ennemi invisible est venu bloquer le système et mettre à nu la bêtise et la cupidité de Jupiter et de ses valets. Nous voilà pris à témoins pour, horreur nécessaire du moment, faire l'union Nationale et surtout ... ne pas faire de polémiques. Mais où est donc passé la main invisible ? Si les visibles se voient, les invisibles doivent aussi se voir ? "Mort de rire" dirait nos jeunes, si ce n'est que la réalité a rattrapé la virtualité et, pour le coup, l'ennemi invisible existe vraiment, ce qui n'est pas le cas de la main invisible à moins que ce soit les milliardaires et Millionnaires (1% de la population mondiale) qui en sont les flux nerveux et sanguins. Une main jamais ouverte quand le besoin humain se fait sentir. Où sont les bienfaiteurs de Notre-Dame ? Le plus grand milliardaire Français a flambé 17 Milliard en bourse, la semaine dernière, sortis tout droit du C.I.C.E. mis en place par un certain Ministre de l'économie nommé Macron, ponctionnant sur la valeur de plus de 4000 lits fermés sur toute la France pour le financement... On attends toujours les effets en emplois. Par contre, le patronat exige que l'économie tourne, confinement ou pas, en nous mettant en danger.

            Notre pathétique Président, dans son discours télévisé, découvre le bon sens qui veut que "certaines activités ne peuvent être soumis aux lois du marché", serait-il subitement devenu communiste ou est-il toujours ce talentueux trompeur de peuple ? Nous penchons pour la dernière posture. Face à tous ces tartufferies médiatiques, tous les pays qui ont un Etat puissant arrivent à contenir, voire à juguler, l'avancée de l'ennemi invisible. La source géographique de cet ennemi, la Chine, a mis les moyens en créant des hôpitaux modulaires à cet escient, en fermant ses frontières, en confinant des millions de citoyens, en testant tout le monde, en bloquant l'économie, en mobilisant toutes ses ressources nationales par solidarité.... Bref, en mettant les moyens et en faisant ce que doit toujours faire un vrai général face à son ennemi : ne jamais le sous-estimer. Il faut dire que la Chine est le pays de l'art de la guerre, mais c'est surtout parce que l'Etat est compétent et omniprésent que cela a été possible en trois mois. Avec notre Etat absent et incompétent, nous en avons pour au moins le double. Pendant que la Chine se débâtait, les idéologues du néolibéralisme débattait à la télévision en traitant le système Chinois de Dictature défaillante. L'ambassadeur chinois, en personne, a dû intervenir pour réclamer un peu plus de correction à ces messieurs et dames qui croyaient voir la fin de la Chine sans jamais voir venir la fin de leur propre système, l'histoire de la poutre dans l'œil.

            La Russie, Cuba et même le Venezuela - tancé il y a encore peu de temps - ont fait le choix de la Chine et sont aujourd'hui au chevet de l'Italie, de l'Espagne, de la Grande-Bretagne et... de la France, L'Europe, si vantée, est d'un silence assourdissant sauf pour trouver, comme par magie, 700 Milliards mais pour les enfants chéris du système, les entreprises. C'est à croire que les entreprises sont nées avant l'humanité et n'ont pas besoin d'Hommes. L'Allemagne, montrée en exemple par nos idéologues de pacotille, refuse de partager son stock de masques et les yankees s'achètent des armes contre l'invisible. L'invisible, voilà ce qu'est ce comité scientifique qui conseillerait un gouvernement complètement dépassé. La palme du ridicule était d'entendre le Ministre de la santé, en pleine crise, comptabiliser méticuleusement le nombre de masques à distribuer... Quel chienlit, dirait le grand Charles. Masques que la Chine a ramené par deux gros porteurs, sans rancunes aucunes. Mais c'est la honte pour le pays premier exportateur d'armes létales et prétendument cinquième puissance mondiale.

             Ainsi, l'évidence, n'en déplaise aux aveugles et autres sourds de l'intelligence sociale, est là sous leur nez et ils ne peuvent ne pas s'en rendre compte : la récréation est terminée. Qu'on l'aime ou non, la Chine, qui a fait semblant de se soumettre en les invitant à s'installer chez elle dans les années 1980 tout en contrôlant leurs faits et gestes, est désormais le seul maitre du jeu. Là où le PCUS a échoué par la force, le PCC a réussi par la stratégie : "Vaincre sans combattre" ! L'ennemi invisible, que certains néolibéraux qualifient sans vergogne de "Chinois", a été vaincu par l'empire du milieu sur son sol et ne peut l'être, maintenant et partout ailleurs, que grâce à lui. Quant à nous, la Guadeloupe, c'est la part restante qui nous est réservée, il nous faudra apprendre à nous démerder comme après un cyclone. Quand on pense que Cuba est à deux pas de nous. Nous avons cru au rêve néolibéral, comme beaucoup d'autres peuples, jusqu'à plonger sur des offres de croisières à moins de 100 euros (la bonne affaire) et avons, sans en avoir eu conscience, ouvert nos portes à l'ennemi invisible (la mauvaise affaire). Peut-être que le projet de faire dépendre la Guadeloupe de millions de touristes sera revu si le sens politique reprend ses droits ?

            Malheureusement, la particularité des tenants du libéralisme est d'avoir sept vies comme le chat, Ils sont capables de mettre des millions dans des radars juteux en lieu et place d'un choix de transport public mieux organisé, gageons que les expériences de télétravail et de télé-enseignement vont leur donner des idées macabres, si ils ne les ont pas déjà, au sortir de cette crise. A moins que nous, travailleurs et citoyens, nous décidions de reprendre, comme l'ont fait nos grands-parents, notre destin en main. Des médecins ont déjà déposé plainte contre le premier ministre et l'ancienne ministre de la santé, d'autres demandent la constitution d'une commission d'enquête parlementaire après la crise. Il semble que nous soyons en guerre et si il y a guerre il doit y avoir une cour martiale ? Y aura-t-il un Nuremberg pour que cessent de nuire les idéologues de l'argent-roi ? Et que faire de tous ces "managers" de la gouvernance, tétanisés à l'idée de prendre une décision humaine quand ils sont au pied du mur de la vraie vie ? Et ceux qui ont trahi l'esprit social des mouvements associatif, coopératif et mutualiste ?

            Non ! Ce n'est pas la fin de l'histoire comme l'a affirmé Francis Fukuyama  mais le début d'un autre monde qui doit advenir, à moins de prendre le risque de voir l'humanité entière disparaitre à cause des ahuris qui nous dirigent. En attendant, soyons responsables et conscients, confinons-nous et protégeons-nous autant que possible, nous devons être nombreux pour exiger des comptes, aussi longue que sera l'attente... In fine, un immense merci aux pompiers, ambulanciers, laborantins, soignants, éboueurs, aides à domicile, travailleurs sociaux, pharmaciens, travailleurs du commerce, agriculteurs, boulangers... tous ceux qui sont au front, constituant notre seul et unique bouclier sanitaire, malgré tous les risques encourus... Laissons-les faire en étant disciplinés, en restant à la maison.

Philippe Belair

Secrétaire Général de la FSAS-CGTG

 

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