On ignore, généralement, que les immortelles découvertes de Pasteur, concernant l'origine microbienne de certaines maladies ont été pressenties et amorcées par un grand médecin Guadeloupéen: Louis-Daniel BEAUPERTHUY. Cet illustre scientifique est né en 1808, à Sainte-Rose. Après de brillantes études secondaires, il part faire ses études de médecine et passe son doctorat à Paris. En 1838, le muséum d’histoires naturelles de Paris le charge d'étudier la fièvre jaune au Venezuela. Il réussit à démontrer que l'agent de propagation de cette fièvre est un moustique et établit, également, que les fièvres intermittentes et le choléra morbus étaient occasionnés par des parasites microscopiques (50 ans plus-tard, Koch précisera cette découverte pour le choléra. Laveran, Grassi et Ross feront de même pour les fièvres intermittentes.). Présentant que l'étude systématique des microorganismes (à une époque où l'on croyait encore aux générations spontanées) pouvait apporter une solution générale au problème de l'origine des maladies infectieuses, il étudie successivement la teigne, la dysenterie, le croup, la scarlatine et la lèpre. Il affirme que ces maladies ont des causes parasitaires. Pus-tard, en 1870, c'est Hansen qui confirme en découvrant le microbe de la lèpre. Beauperthuy ne se contente pas d'étudier les maladies, il s'efforce de trouver des remèdes avec succès au point d'être nommé directeur de l'Hôpital des lépreux de la Guyane Anglaise de l'époque (Guyana d'aujourd'hui) par le Gouvernement anglais. Cet hôpital soignait des malades de toute la région des Amériques. Il meurt en 1871 après une vie d'engagement dans la lutte contre les épidémies avec des moyens technologiques modestes. De nombreuses publications font état de ses découvertes en 1838 et 1856, le journal « Escuéla médica » de Caracas précise que Beauperthuy nie la théorie des miasmes au profit de celle des microbes. La faculté de médecine de Caracas et l'élite militaire du Venezuela (Les cadets de BEAPERTHUY) portent son nom. L'hôpital de Pointe-Noire porte aussi son nom, c'est l'un des premiers lieux de soins de lépreux en Guadeloupe. Nous autres, soignants et intervenants sociaux devons méditer sur une de ses sagesses : « La vérité ne peut s'établir que très lentement; elle ne peut prendre le dessus qu'après une lutte, qu'après avoir détruit les erreurs qui occupaient la place ».
Extrait de « Les Hommes célèbres de la Guadeloupe », T. ORIOL