Chers camarades,
En répondant l'invitation de la Fédération des Syndicats de la Bélarus, la CGTB a participé au Forum International sur « Les syndicats et l'avenir du travail » tenue à Minsk - Bélarus à la fin du mois d'Avril. Ont également participé au Forum International, des experts de l'OIT, les organisations des travailleurs et des employeurs, la communauté universitaires et les représentants du Gouvernement de la République de la Bélarus et les syndicats de 30 pays syndicats, entre autres. Ci-dessous j’envoie au camarades l'intervention de la CGTB dans cet Important Forum International.
Maria Pimentel – SRI - Centrale Générale des Travailleurs du Brésil - CGTB
Les syndicats et l'avenir du travail
Minsk, le 27 Avril, 2017
Au moment où les travailleurs du monde entier se préparent pour célébrer les 100ème anniversaire de la première révolution prolétarienne, qui a soulevé la grande forteresse socialiste anti-impérialiste qui a inspiré et influencé les peuples dans la conquête de la liberté, l'indépendance, le progrès, est une grande satisfaction pour la CGTB être en Biélorussie dont le peuple a fait des merveilles de résistance et d'abnégation pour vaincre la plus grande menace que l’Humanité a dû faire face, la bête nazie.
Camarades,
Au moment où s’aggrave la crise et la désintégration des pays impérialistes, augmente l'attaque sur les pays périphériques, les privatisations et les taux d'intérêt élevés, et se développe aussi son agression militaire pour le contrôle des matières premières, comme ils l'ont fait en Irak et en Libye et essaient, depuis six ans, en Syrie. En même temps qu’ils radicalisent sa politique d'ajustement économique pour réduire les salaires, enlever les droits et détruire la sécurité sociale, il devient évident qu’une telle « reprise » promise par eux après le crash de 2008 n’est qu'une farce.
Les banques et les monopoles qui tirent profit de la crise provoquée par eux-mêmes, veulent, à tout prix, maintenir leur politique de spéculation et cartellisation de l'économie. Ils corrompent les dirigeants pour avoir des avantages, acheter des entreprises et éliminer la concurrence pour imposer leurs prix de monopole (surfacturations).
Comme ils ne dépendent pas de la consommation de l'ensemble de la population, ils n’ont aucun intérêt à maintenir les salaires et son pouvoir d'achat. Ils ne visent pas à créer des emplois et à développer des technologies qui augmentent la productivité, à développer le marché interne et d'améliorer les conditions de vie. Au contraire, ils veulent obtenir encore plus de profits en réduisant les salaires et les droits, et contrôler tous les commodities pour faire augmenter ou baisser artificiellement les prix des matières premières quand cela leur convient.
Avec la croissance de l’exploration dans le centre de l'empire, augmente aussi l'exploration des travailleurs américains, le racisme et la xénophobie. Le chômage réel aux États-Unis, quand on ajoute les travailleurs découragés, atteint 23%, et sa population carcérale, que dépasse de 2 millions est le plus grand du monde. La perte d'emplois industriels affecte la structure même de la production américaine et de ses satellites en Europe et au Japon. Des villes typiquement industrielles comme Detroit, sont maintenant une montagne de ferraille. Cette paralysie a provoqué la défaite de la candidate de Wall Street et a élu comme président un outsider comme Trump, qui promettait des emplois et le retour de la production, ce qui sera impossible d’accomplir pendant que l'État et ses décisions soient contrôlés par le complexe militaro-industriel, Wall Street et les pétrolières.
Trump a augmenté le budget du Pentagone à 639 milliards de dollars pour maintenir 200.000 soldats et plus de 800 bases militaires dans le monde et, rompant ses promesses de campagne, il joue avec la possibilité d'une « guerre mondiale ». Ces dernières semaines, il a intensifié les interventions militaires : il a attaqué une base militaire en Syrie, a lancé la plus grande bombe non-atomique sur l'Afghanistan, a menacé la Corée du Nord et la Chine et a repris les menaces à la Russie, pays dont les frontières de l'OTAN, contrôlées par les Etats-Unis, il a déplacé des troupes et des bases, et même un système anti-missile.
En Europe, les pays suivent l’abécédaire récessive de la Troïka dont le règlement est réduction des salaires, des droits et bénéfices, des pensions et retraites, et poursuivre les immigrés. Le soi-disant « austérité » défendue par les néolibérales comme formule pour créer des emplois est synonyme de couper les investissements productifs, les services publics et les programmes sociaux. Allemagne, le bourreau de l'Europe, agit comme une courroie crantée de Wall Street sur les peuples du continent. Berlin pousse les économies jusqu’à la destruction, comme la Grèce, dont le gouvernement social-démocrate a trahi le référendum et a soumis aux exigences de la Troïka.
Contre le chômage et la politique de destruction, le mouvement syndical et les organisations populaires dans toute l’Europe se soulèvent en massives manifestations pour arrêter la dévastation des droits et des économies nationales. Les travailleurs français s’élèvent contre la réforme du travail. La résistance des Grecs ne cesse pas de croître et les grèves et mobilisations continuent en Italie, en Espagne et au Portugal. En Angleterre, le peuple a voté contre la baisse des salaires et pour le Brexit.
En Amérique latine, la situation du Brésil est le plus grand exemple de la destruction que la soumission au monopole peut provoquer. La dépression provoquée par les taux d'intérêt plus élevés dans le monde et par l'ouverture complète de l'économie et la livraison des entreprises aux capitaux étrangers a atteint la 4ème année de déclin. Seulement au cours des deux dernières années le Produit Intérieur Brut, PIB, a chuté de 7,4%. Le PIB par habitant entre 2014 et 2016, a diminué de 9,1%. Le chômage et le sous-emploi ensemble ont atteint 24,3 millions, dont 7,5 millions d'emplois formels ont été perdus au cours des deux dernières années.
Tandis que le Brésil dans cette période a marché en arrière, la Bolivie, avec Evo Morales, avance de façon constante et cohérente, en laissant de côté la situation de pays le plus pauvre du continent sud-américain. Il a grandi chaque année depuis 2005 et, malgré la baisse des matières premières, il a continué à croître (+ 4,8% en 2016 et 2015; 5,5% en 2014; 6,8% en 2013). Il a nationalisé les entreprises de hydrocarbures et d'autres secteurs clés tels que l'électricité, les télécommunications, le transport aérien et ferroviaire entre autres.
L'exemple de la Bolivie montre plus clairement que tous les pays qui défendent et planifient son économique de manière indépendant pour développer son industrie, peuvent tirer profit de la crise das grandes sociétés internationales pour renforcer la présence de l'État dans les secteurs stratégiques et dans l'industrie de base, se développer et augmenter les salaires et les droits sociaux.
Che Guevara en 1961, dans son discours à l'Université de l'Uruguay, a montré très clairement que, pour une nation atteindre son développement, économique et social, il est essentiel créer et renforcer d'abord son industrie: « Si nous commençons à construire une maison avant de construire l’usine de ciment viendra un temps qui n'existera plus de richesse pour que cette maison puisse être habitée, car il n'y aura du travail pour l'homme qui va y habiter, et il n'y aura garantie que la famille de cet homme qui a reçu une maison, puisse manger tous les jours avec leur travail ». « Ce que nous devons considérer est que d’abord vient le développement. Toute conquête du type social qui ne soit pas basée sur l’agrandissement de la production, tôt ou tard échouera ».
Le Brésil a déjà démontré que les moments de la crise dans les pays centraux sont les plus appropriés pour se développer. Ce fut au cours du 1er gouvernement de Getúlio Vargas dans les années 30, que le pays a plus se développer. Il est sorti d’une économie agro-exportation pour construire son industrie. Ce fut basé sur cette industrialisation que, pendant 50 ans (1930-1980), le pays a grandi en moyenne de 7% par an.
Aujourd'hui, avec la soumission de notre gouvernement vendu à la politique des monopoles, nous revînmes à la période d’avant les années 30. Le soi-disant «ajustement» a imposé, au cours des deux dernières années, une chute réelle des salaires de 12%. Dans la même période, ils ont été livrés aux banques, grâce aux taux élevés d'intérêt, environ US$ 316,7 milliards.
Pour transférer davantage de ressources aux spéculateurs, le gouvernement veut imposer encore plus d’ajustements, flexibiliser les droits du travail et couper les pensions des retraités. Contre toutes ces mesures, aggravées par la corruption et le détournement de fonds publics, les travailleurs vont arrêter le pays entier ce 28 Avril. L'adhésion à la grève et le soutien de tous les secteurs de la société sont garantis pour son succès total.
Et enfin, je voudrais dire que nous sommes convaincus que l’unique manière d’un pays se développer est de briser la dépendance, s’appuyer sur les investissements publics et sur l'Etat national. Il ne sera pas basé sur l'exportation de commodities que des emplois seront créés, et le peuple sortira de la misère. La voie est l'État, basé sur son marché intérieur, promouvoir l'industrialisation, combattre les pratiques monopolistiques et promouvoir un commerce extérieur favorable. Et l’actuel crise des monopoles ouvre une véritable alternative pour le développement industriel indépendant et le renforcement de l'Etat, de l'investissement et de l'éducation publics.
Je conclus en soulignant l'importance de la Fédération Syndicale Mondiale que, depuis sa fondation en 1945, joue l’important rôle de soutenir, encourager, renforcer et d'unifier la résistance des travailleurs à travers le monde et de promouvoir la solidarité entre tous les peuples dans leur lutte contre la domination et pour la souveraineté.
Vive la lutte et l'unité des travailleurs !
Vive la Fédération des Syndicats du Bélarus et de son unité !
Maria Pimentel
Secrétaire des Relations Internationales de la CGTB